135ème Parution de la Voix de Saint Paul

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I- EDITORIAL

Le désir et le rêve de tous les parents est de participer à l’édification de leurs enfants. Mieux, c’est d’œuvrer pour que le fruit de leur sein soit un homme ou une femme intègre accompli et intégré. Or, le seul chemin pour y parvenir est l’éducation. C’est pourquoi J-J ROUSSEAU affirme dans son œuvre Emile qu’« on façonne les plantes par la culture, et les hommes par l’éducation. » Mais plusieurs sont de ces géniteurs qui ignorent cette réalité et sombrent ainsi dans une éducation individualiste et relativiste. Ce faisant, ils balaient d’un revers de main les trois fonctions de l’éducation : celle formelle, qui revoie au système éducatif qui s’étend du primaire à l’université et qui englobe des programmes spécialisés de formation technique et professionnelle ;  celle non-formelle, prodiguée par la jeunesse, la rue… et celle informelle qui correspond au processus d’apprentissage tout au long de la vie d’une personne lui permettant d’adopter des comportements et des valeurs; d’acquérir  des capacités et des connaissances en se basant sur les influences et ressources éducatives  de son propre environnement et de la vie quotidienne en famille en société. C’est cette dernière qui a heurté notre attention après un regard rétrospectif jeté sur la société africaine d’aujourd’hui en comparaison à celle d’hier. De fait, la fonction informelle de l’éducation était de mise et empreinte d’une rigueur à telle enseigne que l’éduqué ne peut ne pas accepter les prescriptions et les exigences tant sur le plan moral, éthique, familial, sociétal, religieux, traditionnel, pour ne que citer ceux-là. Cette obligation émane du lien holistique qu’incarne les parents, la famille et la société (à travers ses lois) ce qui peut nous amener à dire avec Victor HUGO que « L’éducation sociale bien faite peut toujours tirer d’une âme, quelle qu’elle soit, l’utilité qu’elle contient. » Mais face aux diverses lois votées allant même à refuser toute correction venant des parents aux enfants sous peine d’être frappés d’anathème, ne pourrons-nous pas affirmer la mort de l’éducation ? N’est-ce pas là une aubaine à l’émergence de l’auto-éducation dépourvue des principes qui donnent libre cours à l’individualisme et au relativisme chemin de perdition ? Il y a-t-il un espoir qui se pointe à l’horizon face au clair-obscur que nous laisse contempler les normes étatiques ? Comment y remédier ? La réponse que nous essaierons de donner à ces multiples interrogations nous permettrons de mieux cerner les tours et contours de notre thème qui se stipule comme suit : Enjeux de l’éducation au cœur de l’individualisme en Afrique.

Modeste Régis SOTINDJO, Philo I

 

II – CHRONIQUE

Ô nobles lecteurs, laissez-moi vous convier à un voyage à travers les brumes de la semaine écoulée, où le travail intellectuel tel un fleuve puissant, charrie les flots de la connaissance, emportant les futurs serviteurs de Dieu vers les rives de la sagesse et la vie spirituelle s’élève comme une symphonie céleste. Dans la demeure sacrée, où s’élaborent les âmes, là où la sagesse se forge dans le creuset de l’étude et de la prière, une semaine s’est écoulée, rythmée par le battement incessant du cœur de la formation. Le temps, auguste roi, ceint de son diadème d’heures filantes, a observé, impassible, le ballet incessant des activités. Lundi 27 janvier, le coup de tocsin vint rompre l’équanimité qui régnait depuis le grand silence du dimanche. Réveillés de nos sommeils, nous nous prêtâmes aux rituels matutinaux à savoir le brossage et la douche, puis nous nous rendîmes à la chapelle pour les offices et la messe célébrée par le Père Rodrigue GBAGUIDI. Après la messe, la valse des activités journalières déroula sa toile comme à l’accoutumée. Le lundi sans gloire ni éclat, se glissa dans le tourbillon des heures avec une placidité qui frôla l’indifférence. Les cours tels des éclats d’acier froid se succédèrent sans ciller, et la soirée s’élança dans les méandres de la lecture spirituelle, où le Père Rodrigue avec une sagesse dense, nourrit nos âmes en quête de compréhension des indulgences et dispositions indulgentes requises pour cette année jubilaire. Mardi, jour d’efforts intellectuels et manuels, s’étira dans une longue procession d’activités. Dans le silence contemplatif, dans l’ardeur de la prière, les cœurs s’élevèrent vers la lumière divine, guidés par la flamme de la foi. Mercredi tout en emportant avec lui l’écho des prières, se dissipa dans un silence nocturne et imposa aux séminaristes l’inévitable retour au sommeil. Jeudi poignit dans toute sa splendeur. Extirpés de notre léthargie par les coups de cloche, nous nous rendîmes après la douche dans nos différents lieux de méditation pour nous nourrir de la Parole de Dieu. La messe et le petit déjeuner succédèrent à la méditation. En cette journée le travail intellectuel, ardent fourneau où se forge le savoir, a brûlé de mille feux. Nous avons, tel des alchimistes modernes, transmuté la matière brute des idées en or pur de la connaissance, forgeant des liens inextricables entre concepts, dans une symphonie de raison et d’érudition. N’avons-nous pas entendu en philo 2 dans le chuchotement des pages tournées la voix de Husserl « comment accéder à la connaissance des choses telles qu’elles se donnent à la conscience indépendamment de toute interprétation préconçue ?». Et puis, il eût la vie communautaire, ce ciment invisible qui lie les pierres de notre édifice commun. Des échanges nourris, des discussions animées, des rires et des larmes partagés ont tissé des liens indissolubles. Nous avons gouté à la beauté de la fraternité, de ce vivre-ensemble qui transcende les différences. Vendredi tel un spectre, s’éteignit dans les limbes du temps, passant le flambeau à un nouveau mois : Février. Février brandit son pennon puis laissa Samedi s’épanouir dans une succession d’activités. La vie spirituelle, rivière paisible qui traverse le désert de nos préoccupations irrigua nos âmes asséchées. La matinée ponctuée par la classe de chants et les cours de musique se hâta de disparaître. L’après-midi fit place au TM et aux jeux. Avant de dévisser son billard, Samedi enregistra dans son journal les vêpres et la conférence débat crépusculaire animée par Chrysostome et son binôme Judes. Dimanche, jour du Seigneur, tel un dernier-né, surgit des entrailles de Dame Semaine. La messe de ce jour fut célébrée par le Père Dorothée SEGNIHO et animée par la chorale Adjogan de Porto-Novo. Dimanche déclina à loisir la suite de son programme qui connut son échéance au dernier son de cloche marquant le début des études. Plongés dans la quiétude, les séminaristes potassaient studieusement leurs cours. C’est dans cet atmosphère que dimanche expira.

Simon KAKPO, Philo I  

 

III – ET SI ON PARLAIT

Enjeux de l’éducation en Afrique au cœur de l’individualisme.

 A l’image d’une fleur entre les mains du jardinier, la vie humaine a besoin d’être irriguée et entretenue à sa juste mesure pour favoriser son accroissement. C’est bien la tâche, que les parents s’assignent en prenant en mains la destinée de nous qui sommes leurs enfants par l’éducation, afin que nous soyons plus tard des personnes solides pour mener le combat de sens. L’éducation consiste à programmer l’avenir des hommes et des sociétés, comme le soutiendra Joseph Ki-Zerbo. C’est pour cette raison, qu’en contexte africain autrefois, l’éducation n’était pas du tout biaisée, et malgré sa diversité culturelle, chacun des membres est marqué par le seau d’une éducation soutenue qui se laisse découvrir aisément à travers les attitudes. Alors, il est loisible de se demander quel est l’état des lieux de l’éducation en Afrique après la colonisation ? Pourquoi l’augmentation du nombre d’intellectuel ne permet pas souvent de palier les problèmes (le chômage, la pauvreté, l’incivisme voire l’indifférence) auxquels nous sommes confrontés ? En effet, pour une compréhension exhaustive et objective du phénomène éducatif africain, notre réflexion sera tripartite. Primo, après une esquisse de la notion de l’éducation jadis conforme à la culture, nous allons aborder son origine en Afrique. Secundo, nous nous consacrerons à l’analyse de l’introduction de l’école en Afrique avec à l’aune du colonialisme. Tertio, nous allons faire le bilan des impacts de l’éducation et proposer des pistes de sortir afin de répondre aux exigences de l’Afrique berceau de l’humanité.

1 – Pour une esquisse de la notion de l’éducation et son exégèse en Afrique

 De l’étymologie latine, educatio ou educere, l’éducation signifie instruction, formation de l’esprit. Selon Jacqueline Russe, elle est « le processus par lequel une ou plusieurs fonctions se développent, progressivement et graduellement, par l’exercice »[1]. De cette définition, on perçoit que l’éducation prescrit de tirer vers, de guider, de développer, de faire fructifier les données initiales chez l’être originel pour un objectif précis. Dans ce sens, les acteurs de l’éducation ne devraient pas minorer le point d’arriver qu’est le développement des facultés de l’enfant vers le bien. C’est dans cette veine d’idée qu’Emmanuel Kant atteste que « l’homme est la seule créature qui doit être éduquée »[2]. Le travail de l’éducation est de tout temps, parce qu’il est important de former l’homme : L’enfance et la Jeunesse. Dans cette perspective, Joseph Ki-Zerbo historien et fervent éthicien de l’éducation en Afrique a raison lorsqu’il pense que l’éducation est comme « un accouchement collectif qui prolonge l’enfantement biologique individuel »[3]. C’est obvie que, c’est une œuvre qui n’est pas limitée aux seuls membres du cercle familial. Car quand ils échouent, la vie humaine serait brute et semblable à la nature animale, par ricochet prolongera l’humanité dans le gouffre.  L’éducation en Afrique jusqu’au XVI siècle, suivait moult étapes et elle est soutenue par un système, une école, une écriture allant du cercle biologique jusqu’à la vie sociale ou du moins communautaire. D’abord dès la naissance, les enfants bénéficient aussi bien du secours familial que de l’affection sociale assurée par la fratrie. Il est question de la famille élargie ou nombreuse qui se manifeste par l’absence des murs de séparation preuve de la promotion et de l’intégration de l’enfant dans les réalités de son milieu. En outre, par le canal des séances sous l’arbre à palabre qui réunissent le village autour des sages, l’enfant intègre son milieu de vie sur le plan socioculturelle. Spécifiquement l’éducation en Afrique se déroule dans un esprit collectif qui prime sur l’individualisme qui détruit en quelque sorte la société. Ensuite, l’enfant reconnait la place de l’ainé et l’obéit convenablement. C’est pourquoi Seydou BADIAN dans Sous L’orage affirme qu’« au village les jeunes entourent de respect et de sollicitude leurs aînés »[4]. Alors appartenant à une diversité d’acteur à la fois, l’enfant dont la conscience sociale est forgée à bas âge, est préparé psychologiquement à une vie pacifique, à une solidarité agissante avec son semblable et à une altérité non agressive. Qu’on ne veuille ou non, nous devons l’acquisition de l’humanité à l’éducation sur la base du paradigme collective. Contrairement, avant la colonisation en Afrique de l’antiquité, à une période donnée on permettait à l’enfant de sortir de son cocon pour entrer en relation avec les autres enfants qui constituent ses compagnons pendant les moments ludiques. Ses derniers apprennent à forger une vie de maturité et de responsabilité sociale sur tous les plans par le développement de son savoir-faire. La méthode par excellence pour l’administration des savoirs était l’autoformation par observation active. Par exemple, dans les domaines du savoir-être la bonne tenue à table, le bon comportement face aux aînés, les droits et les devoirs envers les autres et envers toute la société. En ce qui concerne le savoir-faire, l’école africaine en liaison entre l’éducation, la société, la culture et les valeurs locales, procédait essentiellement en plus de l’apprentissage des mathématiques : le trivium, c’est-à-dire l’art, la grammaire et la rhétorique qui lui permettent d’inculquer la sacralité de vie. De plus, l’exercice des métiers pour la survie était strict pour que chaque individu subvienne dignement et responsablement à ses besoins. Ainsi, quiconque voudrait se dérober de cette règle est puni. Mais au nom de la dignité de l’apprenant il y a moins de violence. A entendre Ki-Zerbo : « L’enfant est regardé d’emblée comme un partenaire à sa propre mesure, sujet d’un dialogue permanent »[5]. Toutefois, il importe de souligner que l’école originelle africaine a ses difficultés en raison de son caractère formel. Alors une analyse s’impose de l’école coloniale.

2 – L’éducation en Afrique aujourd’hui après la colonisation

Très souvent nous oublions que l’Afrique fut le premier continent dans l’histoire humanitaire où l’alphabétisation et la scolarisation furent mises en œuvre. Or, il y a des années avant, comme nous l’avons souligné plus haut, existaient déjà en Afrique des scribes en l’occurrence de l’Egypte antique qui écrivaient, comptaient et philosophaient en se servant des papyrus premiers d’ailleurs de l’écriture jusqu’au XVIIe siècle. Mais pour des raisons internes liées à l’avènement de la colonisation à un moment donné de notre histoire et sous ordre des premières missions catholiques, l’ancien système éducatif est très tôt sacrifié. Avec les nouvelles modifications il a dû laisser place au système colonial. Malheureusement, il est impérieux de savoir que, cette formation n’était pas sans intérêts coloniaux. La preuve est que, parmi les anciens esclaves expédiés pour servir les maîtres en Amérique figuraient des scolarisés.  En ce sens, la famille également en tant que cellule fondamentale de la société autrefois assise sur des liens généalogiques, et non des lois juridiques n’a pas échappé à la réalité. Désormais au sein de la famille nous assistons à de multiples formes de changements sociaux, sa constitution ne sera plus comme auparavant, mais va prendre des noms divers ce qui nécessairement porte un coup au vivre-ensemble. De fait, on observe également un manque de soin dans la transmission de l’éduction des enfants et donc l’abaissement de la qualité sera au pinacle. Jusqu’en mars 1990 à Thaïlande, pour corriger les maux, quatre organismes des Nations-Unies (UNESCO, l’UNICEF, le PNUD et la BANQUE MONDIALE) se sont serrés les coudes pour penser l’organisation et l’implication des gouvernements internationaux afin que le droit fondamental à l’éducation de chaque enfant puisse être une réalité avec pour objectif ‘’l’éducation pour tous’’. D’une école africaine fonctionnelle parce qu’articulée selon les besoins africains, on passe à une école étrangère ‘’une école en Afrique’’. C’est à cette idée que la plupart, des chefs d’Etats africains vont adhérer et par peur d’être déstabilisés, ils produiront des discours politiques en accordant le privilège au système éducatif hérité des colonisateurs. Du coup, l’installation du système scolaire français a engendré le nouveau programme baptisé l’Approche Par Compétence (APC). Une forme de moule dans laquelle l’enfant sera formé. Ainsi jusqu’à nos jours, dans les pays africains avec les nouveaux dispositifs scolaires la destruction du système originel africain fut effective. Nous n’ignorons pas le fait que beaucoup de cadres intellectuels sont issus du système. Mais, il ne faudrait pas aussi perdre de vue que de ce fait, l’enfant est arraché et éloigné complètement des autres avec qui il a la chance de jouer afin de développer un esprit d’équipe et d’entraide. A vrai dire, avec ce système, on oublie que les deux parents biologiques ne peuvent à eux seuls assurer cette noble tâche. Parce que, la qualité des hommes est relative au degré de l’éducation et de leur dévouement en la matière. Nous pensons qu’un enfant dont la conscience est forgée par des personnes moins expérimentées, aura du mal à s’ouvrir directement aux autres. Ainsi les valeurs, comme la solidarité, la droiture vont être malheureusement substituées à l’individualisme parce que le système implanté n’intègre pas nos réalités endogènes. Il est quasi impossible aux éducateurs d’infliger une correction avec des lois interdisant les punitions de tout genre, autrement, les parents d’élèvent peuvent porter plainte. Au-delà de ceci, l’école en Afrique semble créer de problèmes au lieu d’en résoudre. De même, nous pouvons noter une absence d’esprit d’autoreproduction collective. A en croire Modeste DOHOU « l’école en Afrique n’est pas née pour répondre aux besoins même de la société autochtone, mais elle fut pensée et imposée de l’extérieur […]. Elle est d’emblée orientée vers la transformation des mentalités des jeunes du monde rural et coutumier pour en faire des auxiliaire »[6]. L’école en Afrique n’assure ni la production des biens et services pour un essor économique autonome, ni la reproduction d’une identité socioculturelle africaine. Par conséquent presque dans tous les domaines, l’éducation coloniale ne favorise par un développement à long terme mais plutôt, elle demeure un canal d’aliénation dont l’un des inconvénients majeurs est la déculturation linguistique. Un aspect de la situation est que qualitativement, elle s’avère coûteuse, comme en témoigne le fort taux de perdition et d’échec, sans oublier l’augmentation consistante du nombre de chômeurs qui sort chaque année des universités. C’est justement ce qu’insinuent ces mots : « L’école en Afrique n’est pas encore vraiment une école africaine. C’est un kyste exogène, budgétivore, une usine de chômeurs, un défoliant culturel, une poudrière sociale potentielle »[7].  Nous sommes en droit de dire que le problème de l’éducation en Afrique semble ignorer à la fois ses origines et sa destination. Or, savoir d’où on vient et où on va est un préalable pour se baliser une voie et se préparer des moyens conséquents. Sans contester, nous suivons toujours une telle éducation qui forme sans doute des hommes à l’image des petits Blancs avec des idées souvent extraverties. À quoi servira alors une éducation qui ne répond pas véritablement à nos exigences ?

3 – Pistes pour construire un système éducatif éthique en Afrique

L’éducation est une réalité sociale à laquelle nul ne peut échapper.  En cela il faut la bonne méthode pour que la formation de l’homme soit parfaite. En effet, nous évoluons dans le nouveau système scolaire dont les inconvénients sont plus grands que les avantages, et il urge qu’ensemble nous apportions une retouche à la méthodologie en pensant non seulement à une formation de qualité pour les divers acteurs mais surtout à un retour vers l’éducation collective. Car l’éducation ne se limite pas à l’école mais elle implique tous les membres de la famille large. Nos gouvernants doivent être conscients de l’échec du système éducatif actuel et donc doivent œuvrer pour le décoloniser, du moins l’africaniser et l’adapter pour le rendre utile et gage de tout développement. Il est donc nécessaire que l’école coloniale se fasse aider par le mode opératoire africain qui passe inévitablement par l’intégration de l’enfant au cœur même des réalités de chez lui sans minimiser celles occidentales. Il faut plutôt s’inscrire dans une logique d’adaptation de l’enseignement de chaque discipline aux réalités africaines. Fonder l’enseignement et la réflexion philosophique dans l’éducation africaine sur le fonds culturel africain est dès lors un impératif.

Patrice HODONOU, Philo III

 

IV – CHEMIN DE SAINTETE

VIE DE SAINT PADRE PIO

Padre Pio est né le 25 mai 1887 à Piétrelcina en Italie d’Orazio Maria Forgione et de Giuseppe Peppe. Sa mère lui donne le nom Francesco en hommage à Saint François d’Assise, un nom providentiel puisqu’à l’âge adulte, il entrera dans l’ordre de celui dont il porte le nom. En effet, dès son enfance François tendait vers la sainteté pour ressembler à ce Dieu qui l’a saisi. Déjà à 5 ans, il reçoit des visions mystiques. Aussi, refusait-il de jouer avec d’autres enfants de son âge car selon lui, ils blasphémaient. A 15 ans, il reçut ses premières extases spirituelles. Et comme nous pouvons le pressentir, c’est au sacerdoce ministériel qu’aboutit cette pieuse jeunesse. Attiré et saisi par le Seigneur, le jeune François rejoint Morcone le 22 janvier 1903, l’ordre des frères mineurs capucins fondé par Saint François d’assise et prend le nom de Pio. Il est ordonné prêtre le 10 août 1910 à la Cathédrale de Bénévent.

C’est précisément dès cette période du presbytérat et de vie consacrée que se manifesta avec plus d’éclat la sainteté de Padre Pio. De quelle charité pastorale ne faisait-il pas montre ? Avec quelle ardeur travailla-t-il au salut des pécheurs ? Avec zèle et dilection le père Pio se mortifiait en faveur des pécheurs si bien que Dieu le gratifia du charisme d’être un bon confesseur. De partout l’on venait se confesser auprès du saint Père Pio. Au confessionnal Padre Pio avait le don de lire dans le cœur des gens à telle enseigne qu’il refusait de donner l’absolution si la confession n’était pas sincère et complète. En plus de tout cela, le Seigneur combla son serviteur des dons suivants :

-la bilocation qui est la capacité de se retrouver à deux endroits différents au même moment ;

-l’odeur de sainteté ;

-le don de passer plusieurs semaines sans manger ni boire excepté la communion eucharistique ; réalisant ainsi littéralement dans sa vie Jean 6,53.55 ;

-le don d’opérer des guérisons et des miracles.

Cependant il ne fait aucun doute que de tous les dons dont étaient gratifiés Padre Pio, celui des stigmates du Christ était le plus remarquable et le plus auguste. A l’instar de l’apôtre Paul, Saint Pio pouvait affirmer : « je porte dans mon corps les stigmates de Jésus » (cf Ga 6,17). C’est donc en tant que configuré au Christ crucifié que Padre Pio mourut en odeur de sainteté le 23 septembre 1968 après avoir célébré le cinquantenaire de sa stigmatisation. Il sera plus tard béatifié le 02 mai 1999 puis canonisé le 16 juin 2002 par le pape Jean-Paul II.

 Juste FIANTO, Philo I

V – QU’EN DIRE ?

Enjeux de l’éducation en Afrique au cœur de l’individualisme

Le constat amer qui se fait sur le brassage entre l’éducation et sa portée est bien stupéfiant. Considérée comme le socle de toute formation aux valeurs humaines, l’éducation est en proie avec la doctrine individualiste à travers les prouesses techniques et scientifiques en Afrique. La technocratie est galopante et met en péril le rapport synergique entre l’éducation familiale, celle religieuse et celle scolaire. Elle se manifeste par la mise à disposition des appareils technologiques (les smartphones en l’occurrence) qui occupent les uns et les autres, les enferment dans leur univers et donnent ainsi à chacun la capacité de développer son intelligence. Cette intelligence artificielle incite l’individu à récuser l’éducation dans ces facettes nouménales et phénoménologico-anthropologiques. L’individu cherche alors à imposer de toute manière l’auto-éducation qu’il s’est forgé parce qu’ayant un but lucratif peut-être. On assiste ainsi à une ségrégation notoire et une opiniâtreté égocentrique qui émanent de l’importance ou la place qu’on donne à l’individu en société. De cette irrégularité nostalgique naît la stagnation de l’individu dans la dynamique éducationnelle universelle. De fait, l’ambiguïté, le doute et la subjectivité individualiste semblent l’emporter sur l’ultime objectif de toute éducation qui est de maintenir de façon pérenne l’intégrité de la dignité humaine. Or le feu président Nelson Mandela avait trouvé dans l’éducation une substance impérissable jouant un rôle salvifique objectif que subjectif dans le vivre-ensemble des hommes. Il disait notamment : « L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde ». C’est dire que pour lui, l’expansion de l’éducation est générique et non individualiste. Nous voici alors à un carrefour de dégénérescence qui a pour barycentre l’ego propre à l’individu à qui l’on confère une certaine priorité totale. L’individualisme est-elle ou apparaît-elle comme échec ou réussite pour l’éducation en Afrique ? Contingent, perplexe et pensif, on se demande si réellement « l’homme naît libre » et que « c’est la société qui le corrompt » comme le pensait Rousseau. Ou du moins il s’agira-t-il d’une « désintoxication des mentalités » que le recommande si bien Axelle Kabou ? Malgré l’objectivité de toute éducation, quelle serait l’origine de ce mal pernicieux qui ronge les sociétés sans scrupule ? A la mesure sans mesure de cette envergure individualiste, n’existe-t-il pas un caractère nouménal qui, du tréfonds de l’ontologie humaine le trompe sur ses propres convictions arbitraires ?

Soulignons d’abord que l’individualisme est défini par Jacqueline Russ comme une doctrine qui, dans les domaines économique, politique et moral accorde à l’individu une importance primordiale et essentielle, l’individu constituerait la véritable réalité et le fondement des valeurs. A priori donc on comprend qu’il ne s’agit pas de l’exaltation de son auto-éducation.

Néanmoins, il est obvie que l’éducation de l’individu se déploie dans les domaines économique, politique et moral puisqu’il est le protagoniste avéré dans ces domaines. A posteriori donc, l’auto-éducation est un poids non négligeable en toute chose. Jouer à l’individualiste ou opter pour un courant individualiste relève alors d’une perdition irrévocable dans l’univers. Aimé Césaire pensait depuis lors qu’il existe deux manières de se perdre : « par ségrégation murée dans le particulier ou par dilution dans l’universel ». Pour lui, l’universel est riche de tout le particulier et de tous les particuliers qui coexistent dans un climat décloisonné. On perçoit aisément que chez lui, le particulier et donc l’individu qui se fait à part entière sur le plan éducationnel végète dans un cloisonnement biscornu. Le droit ou la volonté d’un individu ne pouvant l’emporter sur la multitude, l’individualisme non seulement ternit l’image de l’éducation et de la personnalité, mais encore baigne dans une liberté « liberticide » pour parler comme Jean Paul Sartre. Ce qui explique que l’individualisme réduit l’ultime portée de toute éducation et celui qui prétend avoir une posture exclusive vis-à-vis du commun se jette dans un univers lugubre et funeste parce que dépourvu de sens d’existence en lien avec les autres hommes. Aussi celui qui estime s’inculquer une forme d’éducation dans sa propre réclusion se fourvoie sans vergogne puisqu’il navigue à vue dans une frivolité bestiale. L’hirondelle, à ce qu’on en dit, ne fait pas son printemps toute seule ; c’est une preuve que seul, on s’égare facilement et on peut drainer une multitude dans la chute. A nous référer à l’expérience cartésienne, nous déduisons qu’il est très facile de succomber quand on se fie à ses propres convictions. Rappelons-nous que le français René Descartes, après s’être passé au crible du doute, est parvenu à un résultat indubitable de son existence, de l’existence des choses qui l’entourent et soutient par conséquent que l’on peut se tromper facilement en restant désinvolte dans sa caverne imaginaire. Tout ceci atteste que l’éducation ne réussit pas si on se met dans une perspective de singularisation. Et si Blaise Pascal nous apprend que « l’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant », c’est évident que la faiblesse humaine induise une autosuffisance fébrile si l’on cultive à profusion l’exclusion hors pairs, l’individualisme en toute chose. Tout seul, l’homme ressemble à un être sans vitalité congrue, un phénomène étranger à lui-même et étranger au reste des hommes, bref un épiphénomène imbu de relativisme et de subjectivité qui a tendance à créer son univers à part entière. Retenons dès lors après ces spéculations que l’individualisme constitue pour notre part un échec considérable dans l’éducation en Afrique. Sauf erreur de notre part, l’individualisme peut conduire à une éducation politisée ouvrant ainsi la brèche pour un relativisme exceptionnel en toute chose.

Aimée AHOUASSOU, Philo I

 

VI – LU POUR VU

Christianisme africain : une fraternité au-delà de l’ethnie du Père Jacob AGOSSOU

Dans Christianisme africain : une fraternité au-delà de l’ethnie, le Père Jacob AGOSSOU explore une vision transformatrice du christianisme en Afrique, en se basant sur les défis posés par les divisions ethniques et les particularismes culturels. Il propose une Église unifiée, porteuse d’un message universel d’amour, de paix et de réconciliation. L’auteur souligne que l’Afrique, riche de sa diversité ethnique, est souvent le théâtre de tensions et de conflits liés à ces différences. Pourtant, le message chrétien, dans son essence, transcende ces barrières. Il appelle à une fraternité chrétienne authentique où les liens spirituels supplantent les identités ethniques. Le Père Jacob AGOSSOU montre que cette fraternité peut devenir un modèle d’unité pour  l’Afrique et pour le monde entier. L’un des points centraux de l’ouvrage est l’inculturation, qui permet au christianisme de s’enraciner dans les cultures locales sans renforcer les divisions. Il plaide pour une foi africaine qui valorise les richesses culturelles tout en cultivant une unité qui reflète la catholicité de l’Église. Cette approche repose sur une vision prophétique d’un peuple de Dieu où les différences deviennent une source d’enrichissement mutuel. L’œuvre se termine par un appel fort à tous les chrétiens africains : vivre l’Évangile de manière exemplaire en incarnant des relations fraternelles basées sur le pardon, l’amour et la justice. Cette fraternité, enracinée dans le Christ, est présentée comme la clé pour bâtir une Afrique pacifiée et une Église véritablement universelle. Par ailleurs, les objectifs que poursuit l’auteur, peuvent être présentés comme suit : promouvoir une Église unifiée en Afrique : il  cherche à démontrer que le christianisme peut transcender les divisions ethniques pour construire une Église qui incarne véritablement l’universalité et la fraternité prônées par l’Évangile ; mettre en lumière l’importance de l’inculturation : il vise à montrer comment l’intégration des valeurs et des traditions africaines dans la pratique chrétienne peut enrichir la foi tout en contribuant à une identité chrétienne proprement africaine, sans encourager les tensions ethniques ; offrir un modèle de fraternité universelle : l’auteur ambitionne de faire du christianisme africain un témoignage vivant d’unité dans la diversité, capable de servir de modèle à d’autres contextes sociaux et religieux marqués par des divisions : encourager la réconciliation dans les sociétés africaines : par l’exemple d’une fraternité chrétienne authentique, il cherche à montrer comment l’Église peut jouer un rôle actif dans la résolution des conflits et dans la construction d’une société harmonieuse. Réaffirmer le rôle prophétique de l’Église : ici, il veut rappeler que l’Église en Afrique a une vocation particulière, celle d’incarner les valeurs d’amour, de justice et de paix dans des contextes souvent marqués par les rivalités ethniques et culturelles.

Louis GANTIN, Philo II

 

VII – PLUME SACREE

La jarre de la sagesse jadis la référence

A jamais réclame l’unique et noble place

Mais alors que tonne la voix de la préférence

Il semble impossible de briser la glace

Sans cesse la famille proclame révérence

Et le maitre enseigne la morale en classe

L’Eglise, elle, mérite respect et déférence

Car prônant les vertus, jamais ne se lasse

Dans le jardin du bien la fleur se fane

Et les désespérés déposent les arrosoirs

La jeune génération mélange sacré et profane

Les rejetons plombent alors dans un monde illusoire

Désormais la vie se veut une farce

La liberté en caractérise les acteurs

Trop de mauvaises compagnies, trop de narces

Que de déserts sont réservés aux formateurs

Un bout de courage et de force

Pour ragaillardir les vaillants éducateurs

Car évoluant sans une bonne écorce

L’arbre de l’éducation cède au piège des détracteurs

 Joël MONNOU, Philo I

 

VIII – LE SAVIEZ-VOUS ?

Les paronymes :

 Ce sont des mots qui se ressemblent et se prononcent presque de la même façon mais qui n’ont pas du tout le même sens. Ils sont à l’origine de beaucoup d’erreurs !

            Exemple: désert/dessert

        Certains paronymes sont également des antonymes, c’est-à-dire des mots de sens contraire.

       Exemple : immigré / émigré

Les homonymes :

Ce sont des mots qui se prononcent ou s’écrivent de la même façon (ou les deux) et qui n’ont pas le même sens. À l’intérieur de cette catégorie de mots, on distingue plusieurs sous-ensembles :

  • Les homonymes parfaits

Ce sont des mots qui se prononcent et s’écrivent de la même façon mais qui n’ont pas le même sens.

            Exemple : La mousse (sur un arbre) et un mousse (sur un bateau)

  • Les homophones

            Ce sont des mots qui se prononcent de la même façon mais qui s’écrivent différemment et n’ont pas le même sens. Il faut chercher le sens de la phrase pour orthographier correctement le mot.

            Exemple : Une canne (à pêche) et une cane (la femme du canard)

  • Les homographes

                 Ce sont des mots qui s’écrivent de la même façon mais qui se prononcent différemment et qui n’ont pas le même sens.

            Exemple : Les fils (du tissu) et les fils (du roi)

Modeste Régis SOTINDJO, Philo I

 

IX – BLAGUE

BLAGUE 1

L’ami de Toto a enceinté une fille mais comme la fille ne l’aime plus, elle part déposer une plainte en justice disant que l’homme l’avait violée. Le jour du jugement, Toto l’avocat dit à son ami : « si le juge te demande la raison, tu lui dis que c’est parce qu’elle a monté sur ton lit avec ses chaussures. »

Le jour du jugement, le juge demande :

– Mr pourquoi avez-vous violé la fille ?

L’homme répond :

– C’est parce qu’elle est montée sur mon lit avec ses chaussures.

Le juge : Mme pourquoi êtes-vous montée sur son lit avec vos chaussures ?

– La fille : C’est faux. J’ai enlevé mes chaussures avant de monter.

– Le juge : Ok Mme comme tu te souviens que tu avais enlevé tes chaussures avant de monter, c’est par volonté, donc pas un viol…

Un mot pour l’avocat Toto.

BLAGUE 2

Un monsieur était avec sa femme dans un supermarché quand il remarque qu’une jeune demoiselle lui fait signe de la main et lui sourit.

Le monsieur s’adresse à elle et dit gentiment :

– Excusez-moi, est-ce que je vous connais ?

Elle répond en souriant :

– Je peux me tromper, mais je pense que vous êtes le père d’un de mes enfants…

La femme du monsieur fixe son mari avec un regard de colère…

Les souvenirs du monsieur le renvoient vers les fois où il a été infidèle, et il demande :

– Gloria est ce que c’est toi ? Non mais je pensais que tu avais avorté ?

La demoiselle : Non je ne suis pas Gloria.

Le monsieur : Merveille je te reconnais maintenant. Depuis quand es-tu revenue ? Je pensais que l’enfant n’a pas survécu à l’accouchement…

La demoiselle : Je ne suis pas Merveille.

Le monsieur : Oh merde Christine c’est toi ça ? Après toutes ces années ? Ne me dis pas que c’est un enfant. L’échographie avait révélé des jumeaux dans le temps non ?

La demoiselle : Mais monsieur je ne suis pas Christine non plus.

Le monsieur : Mais bon sang qui es-tu au juste ?

La demoiselle : je suis la maîtresse d’école de votre fils…

Le pauvre monsieur s’est évanoui.

C’est là-bas on s’en va comme ça.

Issac KIKI, Philo I

 

[1]Cf. RUSSE, Dictionnaire philosophique, Bordas Paris 2013, p.82.

[2] E. KANT, Réflexion sur l’éducation, Vrin Paris, p.69, in J. RUSSE, Dictionnaire philosophique, Bordas Paris 2013, p.82.

[3] J. KI-ZERBO, Éduquer ou périr, Harmattan Paris 1990, p.15.

[4]  S. BADIAN, Sous L’orage, Présence Africaine Paris 1973, p.27.

[5] J. KI-ZERBO, Éduquer ou périr, Harmattan Paris 1990, p. 45.

[6] M. DOHOU, Croire en l’Education, Agence Francophone 2023, p.80.

[7]  J. KI-ZERBO, La natte des autres. Pour un développement endogène en Afrique, Karthala Paris 1992, p.30.

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