CONFERENCES EN PANEL SUIVANT LES AXES DU 24 MARS 2023

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1- AXE PHILOSOPHICO-SOCIAL

« Penser un nouvel humanisme pour une sortie de la crise anthropophobique contemporaine »

Le père Grégoire-Sylvestre M. Gainsi est docteur de la faculté de l’Institut Catholique de Paris et docteur d’Etat en philosophie à l’université de Poitier. Il est aussi maître en théologie option Missiologie et diplômé en droit canonique sacramentaire. Formateur au Grand Séminaire de Philosophie de Djimè, et professeur de Missiologie au grand séminaire Saint-Gall de Ouidah, le spécialiste de Charles de Bovelles est auteur de savantes œuvres dont De l’Homme à Dieu : l’incontournable philosophique, De l’amitié à l’eucharistie.

Son développement s’articula autour de trois points:

  •  Les sources de l’anthropophobie : l’entrée dans l’inhumanisme et la définition de l’humanisme;
  • Les sources de l’inhumanisme;
  • Le type d’humanisme pour le 21e siècle.

Il ébaucha sa communication par une assertion kantienne : « Le monde va mal. Telle est la plainte qui s’élève ». Que dire de notre époque marquée par la dictature des idéologies, du vœu prométhéen de l’homme moderne, de la souveraineté du consumérisme, du capitalisme et du transhumanisme, réalités qui concourent à la dissolution de l’être humain, entraînant la barbarie et le cynisme de l’oubli de l’être. Comment armer la conscience humaine qui s’assujettit progressivement ? Le conférencier continua ses analyses par une référence à Hannah Arendt qui affirmait : « les actes posés par l’homme ne rentrant pas dans les paramètres de sa condition humaine sont appelés inhumains ». Pour lui en effet, l’inhumanisme contemporain tire ses racines de la suprématie du cogito qui se pose au fondement du périple de l’humanisme. La conception d’un sujet solipsiste crée peu à peu les mécanismes de l’anthropocide. L’homme est arrivé, à ce niveau, à croire qu’il est le créateur du monde et veut s’affranchir des autres et de Dieu. De même, la technique et le transhumanisme ont l’ambition de sacrifier l’humain sur l’autel de la vanité. Cette ère hypermoderne repose sur deux courants: Le transhumanisme et le posthumanisme. L’humanisme désigne par ailleurs la théorie qui associe à l’humanité, tous les actes humains. Il désigne l’action de ramener l’homme à la conscience de sa juridiction propre. Au cœur de l’humanisme, se trouvent des pensées humaines et inhumaines. Quel type d’humanisme pour notre siècle ? Il nous faut repenser un humanisme qui tient compte des réalités nouvelles de la technologie pour que l’humain ne soit pas traité comme un moyen et mais toujours comme une fin en soi. La connaissance de soi apparaît importante pour penser l’humanisme. Le conférencier proposa également l’humanisme transcendantal, le sistere : capacité pour l’humain de se maintenir dans sa nature, sans jamais se disperser, perdre de vue ce qu’il est foncièrement : un humain.

2- AXE POLITIQUE ET JURIDIQUE

« L’humain face à la normativité des lois : possibilité(s) pour le droit positif d’être porteur de valeurs authentiquement humaines »

Religieuse de l’Institut des Oblates Catéchistes Petites Servantes des Pauvres (OCPSP). Détentrice de deux licences: la première en droit canonique obtenu en 2008 et la seconde en droit privé matrimonial, la Sœur Lydie DJIVOEDO est animatrice d’une émission sur les empêchements et incapacités canoniques du mariage à la radio Immaculée Conception. Elle envisage y aborder prochainement l’identité canonique des instituts de vie consacrée et des sociétés de vie apostoliques. Auteure d’un chef- d’œuvre contenant l’histoire des OCPSP depuis ses origines (qui bientôt sera mis à la disposition du grand public) , elle est professeure à l’Ecole d’Initiation Théologique et Pastorale de l’Archidiocèse de Cotonou où elle dispense les cours de Droit canon.

Elle nous a instruits sur les possibilités pour le droit positif d’être porteur de valeurs authentiquement humaines pour l’aujourd’hui de l’humain ; un aujourd’hui façonné par la normativité des lois. Son exposé, présenté en quatre volets, nous amena à comprendre que l’expérience juridique fait la finalité du droit positif.

Les quatre volets sont :

  • le droit positif comme naturellement humanisant ;
  • l’état des lieux du droit positif ;
  • les perspectives selon lesquelles le droit positif peut être naturellement humanisant
  • le modèle du droit positif humanisant à la lumière du droit canonique.

La conférencière a procédé à la clarification de certains concepts comme le droit objectif, le droit subjectif, le bien commun, le droit positif, le droit naturel… Elle rappela également les caractéristiques du droit que sont la rationalité, le caractère obligatoire, la promulgation par une autorité et la visée du bien commun.

3- AXE ETHNO-THEOLOGIQUE

« Evangéliser, c’est Humaniser : Comment Repenser une ecclésiologie libératrice de l’Afrique pour re-humaniser l’homme ».

 

Le révérend Père Antoine Massessi est docteur en philosophie de l’Institut Catholique de Paris. Il est actuellement Directeur des études au Grand Séminaire de Philosophie Saint Paul de Djimè (Bénin).

« Evangéliser, c’est humaniser ». Le travail de l’évangélisation porte essentiellement en soi le projet de l’humanisation de l’homme. Il est question d’un exercice de libération. De qui libère-t-on et qui doit être libéré ? Deux pôles de libération dans la ré-humanisation de l’humain peuvent nous aider à comprendre comment l’évangélisation pourrait assumer notre humanisation. Il nous faut jeter un regard de confiance sur l’Eglise, notre mère, qui, à travers des recherches méticuleuses et des méthodes appropriées, cherche à s’investir pour un bien-être de l’être africain.

Pour renforcer cet état de choses, la posture du pape Benoît XVI qui nous invitait à vivre à travers une Ecclésiologie pragmatique se révèle suggestive. L’Eglise doit savoir accueillir l’Africain. Par la suite, le père MASSESSI invitait les africains, à l’instar de Aimé Césaire, à comprendre que l’œuvre de l’homme vient de commencer. Aucune race ne possède le monopole de l’existence, de l’intelligence, de la rationalité. Il faut laisser l’Africain mettre son héritage culturel au service de la diversité culturelle qui fait unité en Eglise. L’Eglise doit se libérer de tout et s’investir dans le sens de la commune humanité que nous partageons puisqu’elle se dit experte en humanité. Développer le sens de l’autre dans la pratique de l’Evangile, la disponibilité et l’attention. Cette dynamique s’accorde avec celle du pape François qui exhorte à entrer au cœur du peuple pour mieux le comprendre.

Parlant de la vérité comme lieu de libération, le conférencier trouve qu’il faudra intégrer le sens humain de l’être dans la vérité de Dieu. C’est l’enracinement en Dieu qui pourra libérer l’homme. L’homme doit vivre dans une relation de vérité avec Dieu sans ambivalence. Vérité et liberté permettront de l’aider à trouver la vérité de son être. Dans ce sens, la métaphore de l’unité hivernale de Jean Guitton permettra à l’être africain de rencontrer le Christ qui à son tour favorisera notre éclosion plénière au printemps du Christ. Il nous faut nous débarrasser de tout ce qui est inutile pour accéder pleinement au Christ. C’est l’union à Dieu qui, en clair, constitue l’ultime canal d’humanisation de l’homme.

4- AXE EDUCATIF ET PASTORAL

« Peut-on poser l’éducation à la Bienveillance comme relève du sens de l’humain au Bénin d’aujourd’hui ? »

Le révérend Père Roland LAKOUSSAN est Prêtre de l’archidiocèse de Cotonou, ordonné en 2009. Il est détenteur non seulement d’un master en sciences humaines et sociales mention théologie catholique, mais aussi d’un Diplôme d’Etude Approfondie en sociologie du développement. Il est, au Grand Séminaire Philosophat Saint Paul de Djimè, Directeur des études adjoint.

La prise de parole du Père Roland LAKOUSSAN  fut meublée en trois parties : les crises contemporaines de l’éducation, l’éducation à la bienveillance et le chemin pour arpenter le sentier de la relève de l’humain en contexte africain. En guise d’introduction, le conférencier a évoqué l’actualité du comportement humain qui inquiète de plus en plus. Nous sommes scandalisés par la cruauté et la méchanceté de certains. Cette situation ne relève-t-elle pas d’un défaut d’éducation, qui promeut la béninoiserie ? Que faire pour sortir de cet engrenage ? Au sujet des crises contemporaines de l’éducation, le père les identifie à deux niveaux. Le premier est du coté instructif et a rapport aux systèmes non adaptés aux réalités de notre pays (le chômage, la difficulté de professionnalisation, l’essor de l’informel, l’incivisme, la démission des parents). Le second concerne les limites de notre système éducatif. Celles-ci touchent essentiellement la relation de soumission entre parents et éduqués.  Pour une sortie de crise, le conférencier propose l’éducation à la bienveillance consistant en : l’écoute attentive, la communication affable, l’éveil des enfants aux valeurs humaines… Pour la relève du sens de l’humain en Afrique, il nous faut recourir à une bonne éducation, à la valorisation des normes axiologiques universelles comme l’amour, la fraternité, pour endiguer les anthropologies réductionnistes.

 

Le secrétariat du colloque

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