Homélie du 30ème Dimanche du Temps Ordinaire C

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Bien aimés du Seigneur

Nous célébrons aujourd’hui la Journée Mondiale des Missions, journée qui met un terme à la semaine des Missions. Cette journée nous rappelle que l’Église est envoyée pour annoncer la miséricorde et la justice. C’est d’ailleurs ce qui transparait dans les textes de ce dimanche. Je voudrais me focaliser sur l’évangile de ce jour.  Il nous propose la parabole du pharisien et du publicain. Cette parabole nous est connue au point que nous nous identifions à l’un ou à l’autre des deux principaux personnages de ce récit. A qui ressemblons-nous ? Au  pharisien ? Au publicain ? A qui puis-je m’identifier ?

Je voudrais ici pour cette méditation, aborder trois points : un constat, une invitation et une mission.

UN CONSTAT

Cette parabole éveille souvent chez de nombreux chrétiens un grand rejet du pharisien qui se présente devant Dieu arrogant et sûr de lui-même, et une sympathie spontanée envers le publicain qui reconnaît humblement son péché.

A qui puis-je m’identifier ? Au pharisien ?

C’est un homme honnête, respectueux de la loi et des préceptes. En ce sens, il pourrait être notre modèle en considérant les écarts et les libertés que nous prenons parfois avec le règlement. C’est un homme droit par opposition à quelqu’un qui mène une double vie, ce que nous pouvons appeler l’hypocrisie, l’un des maux qui minent parfois notre système de formation.

Mais ce pharisien est aussi suffisant, rempli de lui-même, orgueilleux, il n’a plus besoin de progresser, de recevoir des grâces, il n’a même plus besoin de Dieu.

A qui puis-je m’identifier ? Au publicain ?

C’est un voleur, un receleur, un usurpateur. Serions-nous des voleurs ou avons-nous l’intention en ce sens d’imiter ce publicain ? Ce qui est certain, dans un cadre de formation comme le nôtre, la sentence d’un tel délit est connue d’avance : le renvoi. Ce publicain est aussi un allié de l’occupant romain, et par conséquent un ennemi de la cause juive.

Mais il reconnait lui-même ce qu’il est : un voleur qui ne peut entreprendre seul le chemin de la conversion. Il est ouvert à la grâce, il a besoin de Dieu.

A qui puis-je m’identifier ? Au pharisien ou au publicain ? Avez-vous remarqué avec moi, chers frères et sœurs, que le pharisien et le publicain reconnaissent chacun à son niveau, ce qu’il est réellement ?

Chacun d’eux a fait la vérité sur lui-même. Et si nous prenions, nous-aussi, le temps de faire la vérité en nous, chacun se disant à lui-même ce qu’il est, pour ne pas laisser subsister en soi une double vie. Toute vie qui s’ouvre à la grâce, se laisse remplir de la grâce, se laisse conduire par Dieu. C’est d’ailleurs l’invitation qui nous est adressée en ce dimanche par le Seigneur.

UNE  INVITATION

Pour entendre correctement le message de la parabole et l’invitation qu’elle nous adresse, il nous faut nous reporter au début de l’évangile : « A l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres… ». Le message est clair : « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé » et l’invitation qui nous est adressée l’est tout autant : « Se laisser conduire par la grâce ». La différence entre le pharisien et le publicain ce n’est pas que l’un est honnête et  l’autre voleur mais c’est que l’un se ferme à la grâce et l’autre se laisse rejoindre par la grâce. Avez-vous remarqué que Jésus ne s’attarde pas sur les qualités du pharisien ni sur les défauts du publicain ? Il s’attarde plutôt sur notre relation à Dieu. C’est donc à ce niveau que s’opère notre transformation.

Dans la communion à Dieu, dans l’ouverture à la grâce, nos qualités, nos efforts sont sublimés ; nos manquements, nos erreurs, nos péchés deviennent des lieux de conversion. C’est ce qu’opère la grâce. Au final, s’ouvrir à la grâce, c’est faire le pari de laisser le Christ agir en nous pour opérer notre transformation ; c’est choisir de se renouveler en permanence, car se fermer à la grâce, c’est se laisser dessécher et par conséquent ne pas porter du fruit. En étant ouverts à la grâce, notre prière devient recevable de Dieu : Cette prière devient un acte d’humilité et non une autocélébration devant Dieu et devant les autres.

Notre prière devient aussi personnelle en ce sens qu’on apporte le souvenir ou les images de l’autre devant Dieu que pour prier pour lui. On ne parle pas des autres à Dieu en les jugeant.  Notre prière doit être un lieu d’abandon de soi et de sa cause à Dieu. Voyez Saint Paul dans la deuxième lecture : il a mené le bon combat, il a achevé sa course et a gardé la foi. En écrivant, du fond de sa prison, cette 2ème lettre à Timothée, il se présentait comme déjà offert en sacrifice.

Notre prière manifeste notre finitude. Nous ne savons pas tout, nous ne pouvons pas tout. Nous sommes limités, et nous disons : Dieu, viens à mon aide – Seigneur, à notre secours.  Plus nous faisons l’expérience dramatique de notre finitude, plus nous nous ouvrons à la grâce.  Plus qu’un acte de supplication, la prière devient la présence à une Personne, c’est la rencontre de l’être fini avec sa plénitude. Remplis de cette grâce, nous devenons capables à notre tour de la partager.

UNE MISSION

Aujourd’hui, nous célébrons la journée mondiale des missions

Qu’avons-nous à apporter au monde ? Notre intelligence ?, les autres en disposent autant et parfois plus que nous. Notre connaissance en politique, surtout pour ce contexte des élections législatives qui approchent ? Ces discours, ils les connaissent, ils veulent autre chose. Ils attendent de voir dans notre vie cette force qui a conduit Saint Paul à aller jusqu’au bout malgré la prison, le rejet, l’adversité.  Ils veulent que nous leur montrions le chemin de la foi dans sa pureté et sans mélange.

Ils veulent voir ce que nous disons à travers notre agir. Ils veulent lire l’évangile non plus dans l’évangéliaire, mais ils veulent le lire à travers notre vie. C’est dans le livre ouvert de notre vie qu’ils veulent lire la parabole du pharisien et du publicain.

Laissons-nous interpeler par l’appel du pape Paul VI : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. » Paul VI, Evangelii nuntiandi

Accueillons la grâce pour être capables à notre tour de la transmettre. La qualité de notre vie chrétienne dépend de la qualité de notre relation à Dieu.

P. Rodrigue GBAGUIDI

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