SOLENNITE DE LA SAINTE TRINITE
Révérends Pères,
Révérendes Sœurs,
Chers frères séminaristes,
Chers amis de notre maison de formation,
Soyez les bienvenus à la fête de Notre Dieu. C’est aujourd’hui la fête de notre Dieu. Aujourd’hui nous célébrons la solennité de la Sainte Trinité, le mystère d’un Dieu Unique en Trois Personnes : le Père, le Fils et le Saint Esprit. Ce mystère, jamais ainsi désigné dans la Bible, traverse pourtant de part en part les Ecritures depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, soit dans ses préfigurations, ses manifestations ou ses opérations.
Dans l’extrait d’évangile que nous avons entendu, nous retrouvons d’ailleurs l’évocation des trois personnes lorsque Jésus déclare : « Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître ». Sans oublier que dans la deuxième lecture, Saint Paul indiquait que notre rédemption s’opère par le Dieu Trine : nous avons part à la gloire de Dieu par notre Seigneur Jésus Christ à travers l’amour de Dieu qui a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit. La première lecture quant à elle se contente de souligner, sous les attributs de la Sagesse, l’éternité du Fils : « Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources jaillissantes ». Il n’est donc pas Fils parce qu’il est né de Marie, mais Il est Fils avant même la création, donc de toute éternité.
Chers frères et sœurs, l’Ecriture nous révèle ainsi l’identité de notre Dieu, le Dieu chrétien, un Dieu qui doit toujours être pensé en Trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; autrement ce n’est pas le Dieu chrétien. Mais à vrai dire, lorsque nous invoquons ou même évoquons Dieu pensons-nous toujours à la Trinité ? Faisons-nous toujours allusion aux trois Personnes ? Disons-nous la vérité, nous ne pensons pas toujours à la Trinité (parfois oui, parfois non : donc pas toujours). Nous sommes plutôt habitués à penser Dieu et à nous référer à Lui comme à une entité (en référence à son unicité), une personne ou une réalité suprême ; sa Trinité nous saute moins à l’esprit.
Un grand théologien italien contemporain en fait le constat et se demande si le Dieu chrétien est vraiment le Dieu des chrétiens. Le Cardinal Bruno Forte, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ajoutait que « cette demande, paradoxale en apparence, naît spontanément quand on considère la manière dont de nombreux chrétiens se représentent leur Dieu. Dans leurs propos, ils parlent de Lui en se référant à une vague “personne” divine plus ou moins identifiée au Jésus des Evangiles ou à un être céleste non mieux précisé. Dans la prière ils s’adressent à ce Dieu plutôt indéfini, tandis qu’ils sentent étrangère, pour ne pas dire absconse, la manière dont la liturgie fait prier le Père par le Christ, dans l’Esprit-Saint : on prie Dieu mais on ne sait pas prier en Dieu ».
De ces propos du Cardinal, il ressort que les chrétiens peuvent penser et prier un Dieu qui ne soit pas le Dieu chrétien, c’est-à-dire le Dieu Trinité, tant ils sont habitués à se figurer Dieu en une divinité unitaire vague. Il est donc nécessaire que cette fête qui nous rappelle l’identité exacte de notre Dieu change notre façon de le concevoir et de le prier.
Chers frères et sœurs, comprendre cela, devrait aussi induire la correction de notre manière de parler de notre Dieu, afin de ne point glisser vers des réductions désastreuses. Comment comprendre par exemple que dans des discussions avec des adeptes d’autres religions, des chrétiens catholiques affirment ou admettent que nous adorons tous le même Dieu. Qui parmi eux adorent un Dieu Trine ? Nous adorons tous Dieu (réalité suprême), mais nous n’adorons point le même Dieu. Certes la sauce graine, la sauce tomate, la sauce légumes, la sauce gombo, etc. sont toutes des sauces mais elles ne sont pas les mêmes, elles ne possèdent pas les mêmes constituants. Ainsi, frères et sœurs, nous nous rendons bien compte, qu’au-delà des attributs qui peuvent parfois être communs à notre Dieu et à ce que d’autres nomment dieux, nous n’adorons pas le même Dieu, car le nôtre s’est révélé et veut être adoré comme Trinité du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint.
Demandons au Seigneur, d’ouvrir nos cœurs et nos esprits à un accueil toujours plus croissant du mystère de sa Trinité autant que nous accueillons déjà presque spontanément celui de son Unité.
Le Seigneur soit avec vous