« Moi, je prierai le Père, il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous » (cf. Jean 14,15-16.23-26).
Chers frères et sœurs bien aimés du Seigneur, Shalom : la Paix soit avec vous,
Rassemblés dans la foi au Christ Ressuscité, nous célébrons aujourd’hui la Pentecôte terminus de la Résurrection du fils Unique de Dieu le Père. Mais que recouvre ce concept et cette fête ? Quelle place la Pentecôte occupe dans la vie du chrétien ?
Fête traditionnellement célébrée chez les juifs, la Pentecôte à toute une histoire que la plupart d’entre nous connaissent bien. Néanmoins nous pouvons appréhender cette fête comme la manifestation de l’Esprit de Dieu. Un Dieu qui parle à son peuple à travers certaines figures marquantes de l’AT que sont les patriarches, prophètes et autres. Parmi elles nous pouvons citer Abraham, Moise, Isaïe, Ezéchiel, Jérémie, Joseph, Marie, Jean-Baptiste etc… Pour nous chrétiens catholiques, c’est une fête chrétienne et de fraternité qui commémore la descente du Saint-Esprit sur les apôtres et la naissance de l’Église, c’est aussi et surtout une promesse.
La Pentecôte est une fête de fraternité parce qu’elle célèbre la naissance d’une communauté ouverte à tous, fondée sur l’action de l’Esprit Saint qui unit dans la diversité, suscite la compréhension mutuelle, la solidarité et l’engagement envers les autres. Elle rappelle aux chrétiens leur vocation à vivre et à témoigner de la fraternité, dans l’Église et dans le monde. Les premières communautés chrétiennes ont pendant longtemps incarné cette image de la Fraternité voulue par le Christ. Saint Jean l’Evangéliste l’a plusieurs fois relayé dans ses écrits : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (cf. Jn13,34 ; Jn15,12). Nous le chantons aussi « chant : Vous recevrez une puissance venant du Père, et vous serez mes témoins dans cette vie (bis) ». Aujourd’hui encore certains groupes ethniques et certaines communautés chrétiennes continuent de perpétuer cette volonté du Ressuscité. C’est le cas des Xwlà (Pla ou Popo) qui célèbrent le Nonvitcha (une fête identitaire) tous les ans à Pentecôte depuis
Elle est une promesse parce qu’elle réalise l’engagement que Jésus avait fait à ses disciples avant son Ascension : « Vous recevrez une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1,8). Cette fête nous appelle donc tous à devenir des témoins de la charité et de la vérité. Il s’agit de la charité déclinée par l’apôtre saint Paul dans l’hymne à la charité (cf. 1Corinthiens13,13…) et vécue par sainte Thérèse de Lisieux et d’autres saints.
Dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous révèle la promesse de l’Esprit Saint, ce Consolateur, ce Défenseur, ce Guide qui demeure avec nous pour toujours. Ce texte est d’une richesse immense, particulièrement pour nous qui sommes engagés dans une réflexion philosophique et spirituelle profonde.
1 – L’amour comme fondement de la vie spirituelle
Jésus commence par une condition claire et exigeante : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » (v.15). Ici, l’amour n’est pas un simple sentiment, mais un engagement concret, une fidélité active. Pour nous, philosophes en formation, cette exigence rejoint la quête de vérité et de cohérence. L’amour du Christ est la source première qui donne sens à toute notre recherche intellectuelle et spirituelle. Ce n’est pas une simple adhésion intellectuelle, mais une relation vivante, une alliance qui transforme notre être tout entier.
L’obéissance aux commandements du Christ est donc l’expression concrète de cet amour. Elle n’est pas une contrainte extérieure, mais la réponse libre et joyeuse à l’appel de Dieu. C’est dans cette fidélité que se manifeste la présence de l’Esprit Saint.
2 – L’Esprit Saint : présence vivante et source de sagesse
Jésus promet un « autre Défenseur » (v.16), un compagnon qui ne nous abandonne jamais. Ce Défenseur, c’est l’Esprit Saint, celui qui habite en nous et nous transforme de l’intérieur. Pour nous, qui cherchons à unir foi et raison, l’Esprit est le maître intérieur qui éclaire notre intelligence, qui nous guide dans la compréhension des mystères divins et dans l’approfondissement de la vérité.
L’Esprit Saint n’est pas un concept abstrait, mais une présence vivante qui agit dans le cœur et dans l’esprit. Il nous enseigne toutes choses et nous rappelle les paroles de Jésus (v.26). Cette action intérieure est essentielle : elle permet que notre savoir ne soit pas seulement un savoir humain, mais un savoir illuminé par la foi, un savoir qui conduit à la sagesse.
3 – La communion intime avec Dieu : la demeure de l’Esprit
Jésus poursuit en disant : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, nous viendrons à lui et ferons notre demeure chez lui » (v.23). Cette promesse est bouleversante : Dieu lui-même vient habiter en nous, dans notre cœur, dans notre vie. Pour vous, étudiants séminaristes, c’est un appel à vivre une vie intérieure profonde, à cultiver une communion intime avec Dieu par la prière, la méditation et la contemplation.
Cette demeure divine n’est pas un refuge passif, mais un lieu de transformation où l’Esprit agit pour renouveler votre être.
Enfin, l’Esprit Saint ne demeure pas en nous pour nous seuls. Il est aussi la force qui nous envoie en mission. Remplis de l’Esprit, nous sommes appelés à devenir des témoins vivants de la vérité de l’Évangile, à porter la lumière de Dieu dans le monde, à dialoguer avec la culture, la philosophie, la société contemporaine.
Chers amis, notre chemin de formation est un chemin exigeant, qui demande rigueur intellectuelle et profondeur spirituelle. Ne perdons jamais de vue que cette double exigence ne peut s’épanouir que sous la lumière de l’Esprit Saint. C’est lui qui donne vie à notre recherche, qui éclaire nos questionnements, qui transforme notre savoir en sagesse vivante.
Ouvrons-nous chaque jour à cette présence vivante de l’Esprit. Laissons-le habiter notre cœur, illuminer notre esprit, embraser notre volonté. Ainsi, nous deviendrons non seulement des philosophes éclairés, mais aussi des témoins passionnés de l’amour de Dieu.