HOMELIE DU DIMANCHE DU BAPTEME DU SEIGNEUR ANNEE LITURGIQUE C

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Dimanche 12 janvier 2025

HOMELIE DU DIMANCHE DU BAPTEME DU SEIGNEUR ANNEE LITURGIQUE C

Avec le Baptême du Seigneur, nous clôturons le cycle Noël-Epiphanie de l’Année liturgique C. Comme on peut le remarquer, cette fête porte en elle-même une certaine épiphanie, à savoir que Jésus, caché pendant trente ans, est maintenant épiphanié, c’est-à-dire manifesté comme le Messie. Partant, nous pouvons dire que ce dimanche est un dimanche charnière. Car, il passe de la vie cachée du Christ à sa vie publique. Mais au-delà d’une simple transition, c’est le dimanche où le Christ est manifesté comme Fils du Père, comme Messie envoyé pour nous libérer. Et notre dignité de fils et de filles de Dieu y est aussi proclamée.

Alors que l’épiphanie, jusqu’ici, laissait voir et découvrir les signes de Dieu. Aujourd’hui, on a l’impression que l’épiphanie parle : «Tu es mon fils, moi, aujourd’hui je t’ai engendré » (Lc 3, 22). La voix est celle de celui qui peut appeler l’autre « mon fils ». Qu’elle soit exprimée de vive-voix ou seulement de l’intérieur, la voix est en effet, écoutée et retenue à une telle profondeur qu’elle retentit jusqu’à nous, jusqu’à la fin des temps. Elle proclame l’identité de cet homme nommé Jésus. Il est Fils de Dieu. Il vient du Père et vit dans le Père.

Tout nous dit que c’est à partir de ce moment-là que Jésus se sait différent. Pendant trente ans, il a vécu caché. Il était un juif ordinaire, vivant modestement de son travail, menuisier, fils de menuisier. Comme tout juif pratiquant, il fréquentait la synagogue, il écoutait, lisait la Bible et priait avec. Mais aujourd’hui, tout devient différent. L’événement de son baptême nous donne un éclairage sur sa vie humaine : fils de David, fils de Marie, mais Fils de Dieu.

En suivant le fil littéraire du récit du Baptême de Jésus par Luc, je voudrais, maintenant, nous faire entrer davantage dans la « connaissance amoureuse » de Jésus. Je le fais à travers les noms donnés à Jésus.

L’enfant est d’abord appelé Jésus, du nom confié par l’ange à Marie et à Joseph. Jésus signifie « le Seigneur sauve ». Grâce au oui de Marie et à l’obéissance de Joseph, Dieu se fait homme, il accomplit la promesse du prophète Isaïe : « Consolez mon peupleParlez au cœur de JérusalemProclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné » (Is 40, 1). Vivant en exil à Babylone, les Israélites étaient comme des brebis sans berger, loin des riches pâturages de la terre promise. La voix du prophète s’élève alors dans le désert et annonce un événement heureux, une « bonne nouvelle » : Le Seigneur Dieu viendra lui-même à la rencontre de son peuple et les conduira à nouveau vers la Palestine. Comme jadis les Hébreux avaient bénéficié du salut divin, apporté par l’intermédiaire de Moïse, ainsi les exilés reconnaîtront la présence de Dieu parmi eux, lorsque le Seigneur les rassemblera, les portera sur son cœur et en prendra soin comme un berger. En l’enfant Jésus,-  le Seigneur sauve -, l’heure de la rencontre et de la surabondance de la miséricorde est donc venue. La vie est donnée à nouveau, sans mesure, en Jésus. Faisons mémoire de notre propre baptême où Dieu nous a donné pour toujours la vie. Ainsi, nous pouvons alors chanter de tout cœur le psaume de la magnificence de Dieu « qui a pour manteau la lumière » (Ps 103).

Jésus est ensuite appelé Messie – Christ, ce qu’espérait le peuple « en attente » (Lc 3, 15). Venu aux bords du Jourdain auprès de Jean Baptiste, il manifestait son vif désir de voir le Messie, l’Oint du  Seigneur prendre pied dans la vie de chacun, d’embraser du feu de son Esprit les hommes que Dieu aime. De fait, Jésus se fait baptiser, il remonte de l’eau, et il se met en prière. Il prie son Père. Et le Père répond. L’Esprit Saint descend, « sous une apparence corporelle, comme une colombe » (Lc 3, 22). L’évocation de la « colombe » pour parler de l’Esprit Saint rappelle d’autres histoires de la colombe en lien avec l’Esprit dans les Ecritures.  Trois références en révèlent le sens :

  • au début du livre de la Genèse : «  Au commencement Dieu créa le ciel et la terre…Le Souffle (l’Esprit) de Dieu planait à la surface des eaux » (Gn 1, 2) : le verbe est utilisé pour les oiseaux qui couvent leurs petits. Donc Jésus est envahi par l’Esprit créateur et ce moment marque le départ d’une nouvelle genèse, d’une « re-création ». Jésus est l’Homme Nouveau. Le baptême n’est pas une bénédiction, un rite protecteur : il fait effectivement « renaître » par l’Esprit.
  • Lorsque les eaux du déluge baissèrent, Noé lâcha une colombe : à la 2ème fois, elle revint à lui « et voilà qu’elle avait au bec un frais rameau d’olivier »(Gn 8, 11). Désormais l’eau nettoie, purifie du péché et Jésus offre la  paix à ceux et celles qu’il accueille dans « l’arche » de l’Eglise.
  • Dans la tradition juive, le Cantique des cantiques est interprété comme une allégorie de l’amour entre YHWH et Israël, sa bien-aimée, « sa colombe » (Ct 2, 14 ; 5, 2 ; 6, 9). Ainsi Jésus prend sur lui tout son peuple, il l’assume pour le reconduire dans l’amour de son Dieu. Il peut ouvrir le Royaume, donner naissance à une humanité nouvelle.

Mieux, comme disait Isaïe : « La gloire de Dieu se révèlera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé » (Is 40, 5). En Jésus nous est adressée la Parole d’amour du Père. En Jésus, la relation d’amour du Père et du Fils et l’Esprit Saint, nous est donnée par toute la vie de Jésus puis de l’Église. Elle prend corps en nous. « Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur » (Tt 3, 5). Si le disciple de Paul s’exprime avec autant de certitude, c’est que pour lui le double baptême consenti par Jésus : dans l’eau, au Jourdain, et dans le sang, au Calvaire, nous purifie de toutes nos fautes. Ainsi désirer recevoir et choisir Jésus comme messie, c’est prier avec lui, c’est désirer connaître tout l’amour dont le Père nous aime, et lui en rendre grâce, dans la joie. Faire mémoire du baptême de Jésus Messie, c’est témoigner d’expérience que Dieu est amour, en témoigner en prière, en parole et en actes. Devenir « un peuple ardent à faire le bien » (Tt 2, 14).

Jésus, enfin, est appelé Fils. « Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » (Lc 3, 22), dit la voix entendue du ciel. Par le baptême nous sommes adoptés comme fils et filles de Dieu dans le Fils Unique. C’est par la croix, lieu du passage de la mort à la vie, de la passion à la résurrection, que Jésus nous est totalement révélé comme le Fils de Dieu. « Sûrement, cet homme, c’était un juste », dit le centurion à la mort de Jésus (Lc 23, 47). C’est là que nous est donné l’Esprit Saint qui nous apprend, comme le dit Paul à Tite, « à rejeter le péché » (Tt 2, 12), à faire de nous  des artisans de fraternité, des hommes brûlant du pardon qui traverse les murs de séparation et les fossés de haine.

Père Justin OSSE

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