Homélie du quatrième dimanche de Pâques C

0
195

Première Lecture : Actes des Apôtres 13, 14.43-52
Psaume responsorial : Psaume 99 (100), 1-2, 3, 5
Deuxième Lecture : Apocalypse 7, 9.14b-17
Évangile : (Jean 10, 27-30)

« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. »

Bien-aimés du Seigneur, bonjour.
L’Église du Christ exulte de joie partout dans le monde depuis jeudi dernier, parce qu’elle a désormais un nouveau Pasteur : le cardinal Robert Francis Prevost, un américain de 69 ans, né d’un père franco-italien et d’une mère espagnole. Il est devenu le 267e pape de l’Histoire, sous le nom de Léon XIV. Successeur de Saint Pierre, il l’est désormais dans l’Unique et véritable Pasteur : le Christ Jésus. Ainsi, nous comprenons mieux cet attribut du Christ Pasteur, surtout en ce quatrième dimanche de Pâques, encore appelé dimanche du « Bon Pasteur », ou « Journée mondiale de prière pour les vocations ». Chez nous ici au Bénin, des religieux, religieuses, prêtres, séminaristes, novices et autres sont envoyés auprès des jeunes et enfants, dans nos paroisses et institutions pour témoigner de leur vocation. En ce qui concerne notre communauté, deux de nos frères témoigneront de leur vocation ici même, à la fin de ce partage.
Chers frères et sœurs, pour cette méditation, je voudrais m’appesantir sur l’évangile à travers un petit point et une exhortation : L’écoute de la voix du vrai Pasteur, et le type de pasteur que voulons être.

1- L’écoute de la voix du vrai Pasteur

L’évangile de ce jour est la réponse de Jésus à l’une des questions des juifs : « Jusqu’à quand vas-tu nous tenir en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le-nous ouvertement ». Mais au lieu de répondre par oui ou par non, Jésus commence un discours sur ses brebis : « ce sont les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. Mais vous, vous ne me croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent ».
L’écoute est subordonnée dans ce texte à l’appartenance au Christ. Mais qu’est-ce qui fait qu’on écoute une voix plutôt qu’une autre ? Quand de jeunes gens désespérés acceptent en toute bonne foi l’appel à devenir des bombes humaines, pensez-vous qu’ils écoutent la bonne voix ? C’est dire que certaines voix peuvent être destructrices, quand bien même elles portent un vernis religieux.
Écouter la voix du vrai Berger, c’est se laisser rejoindre au plus profond de soi-même par cet appel sonore. La voix dont parle l’évangile, c’est celle qui va au plus intime de nous-mêmes et nous éveille à nous-mêmes. Et n’allons pas croire que cette voix est extérieure à nous. Elle est d’abord enracinée au tréfonds de notre être.
Nos oreilles peuvent sans doute être une entrée à l’ouïe intérieure. Cependant, si nous ne savons pas écouter la voix du Berger, nous serons ballotés par toutes sortes d’idéologies. Quand une mère entend le cri de son enfant, cette voix lui est facile à reconnaître. Mais dans le mouvement des marées de nos vies, le défi est beaucoup plus grand. En effet, qu’est-ce qui fait qu’un Saint François d’Assise, tout riche qu’il était, vendit un jour tout ce qu’il possédait et donna l’argent aux pauvres ? De toute évidence, l’évangile qu’il a entendu a rejoint une flamme intérieure qui l’habitait et qui représentait vraiment ce qu’il était.
C’est aussi le cas de bien d’autres personnes qui ressentent au fond d’elles-mêmes cet appel qui change leur existence. Quoi qu’il en soit, on retrouve toujours la joie et la paix qui sont les signes de l’appel du bon pasteur. Et c’est seulement dans la mesure où nous saurons entendre cette voix intérieure qui nous est propre, que nous serons capables de discerner les bons et les mauvais bergers de notre monde.
Ne bouchons donc jamais notre ouïe intérieure, car c’est là que la vérité nous apparait sans ambiguïté, c’est là que nous devenons nous-mêmes, c’est là que nous devenons sensibles à la souffrance des autres comme le bon pasteur, le Christ. Et nous ? Quel pasteur voulons-nous être ?

2- L’exhortation : Quel pasteur voulons-nous être ?

J’ai surpris pendant les congés de Pâques un dialogue entre des séminaristes qui comptaient la quête : l’un disait « moi je veux être aumônier des Zémidjans (Conducteurs de Taxi-moto), et un autre de répondre : « moi, je veux être aumônier des commerçantes, ça donne mieux que les zémidjans ».
Quel prêtre voulons-nous être ? Celui qui choisit lui-même sa mission et qui met tout en œuvre pour y parvenir ? Quel prêtre voulons-nous être ? Celui qui sacrifie sa foi pour la recherche du pouvoir et des honneurs ? Celui qui délaisse la parole de Dieu pour s’annoncer lui-même ? Quel prêtre voulons-nous être ? Celui qui n’est souvent pas à son travail et qui est toujours à la recherche de l’argent ou des plaisirs ? Quel prêtre voulons-nous vraiment être ?
À la suite du bon pasteur, nous sommes appelés à avoir un amour profond ainsi qu’un souci constant pour les gens et les âmes dont nous avons la charge, un amour sincère pour le Christ, sa Parole et son Église. Être Pasteur à la suite du Christ, c’est avoir une connaissance sincère de l’état de son cœur et de ses faiblesses, et prendre les moyens nécessaires pour correspondre à l’évangile. Qui voulons-nous annoncer ? Le Christ ou nous-mêmes ?
Demandons au Seigneur de nous remplir d’humilité, que nous nous laissions former pour devenir des pasteurs selon son cœur. Demandons aussi la grâce de répondre quotidiennement à l’appel qu’il nous adresse.

Père Rodrigue GBAGUIDI

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Résoudre : *
2 ⁄ 1 =