Homélie du sixième dimanche de Pâques Année C

0
115

L’Ange me montra la Ville Sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel. (Apocalypse 21, 10)

Chers frères et sœurs,

Ce dimanche précède la grande fête de l’Ascension qui tourne notre regard vers le Ciel. Avec saint Jean, dans la deuxième lecture, il nous est donné de contempler une Ville resplendissante d’une beauté superbe, la Ville Sainte, la Jérusalem céleste.  Le chapitre 21 du dernier Livre de la Bible décrit dès son entame, cette Jérusalem nouvelle comme une Epouse parée pour son époux. Le moins qu’on puisse dire est que la Beauté de cette Ville est saisissante: elle est aussi attirante que désirable. C’est vers elle, vers une telle cité que le Christ repart après sa mort et sa résurrection. Aussi invite-t-il ses disciples à se réjouir de cet imminent départ : « Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie, puisque je pars vers le Père » (Jn 14, 28). Je n’ai pas l’intention de commenter spécialement en quoi consiste cette joie qui donne toute l’apparence d’un paradoxe. Je suggère plutôt que nous méditions sur quelques-unes des caractéristiques de cette Ville.  Mais avant toutes choses, mentionnons qu’elle apparaît comme le symbole, le modèle et l’image idéale de l’Eglise. Celle-ci, selon la Lettre aux Ephésiens chapitre 5, 21-32, est l’Epouse bien aimée pour laquelle le Christ s’est livré, afin de la rendre resplendissante, sans tâche ni ride, sainte et immaculée. Mais l’Eglise que nous formons, si elle est dite Sainte parce que le Christ en est la Tête, elle ne devient véritablement telle (sainte) que si elle se rend hospitalière à la présence et à l’action de Dieu en elle et par elle, à la manière de la Ville Sainte de l’Apocalypse. Considérons en trois points ses caractéristiques :

  • D’ abord c’est une ville fortement protégée par une grande et haute muraille, avec, de tous côtés, des portes qui restent ouvertes (Cf la suite du texte, V 25) de jour comme de nuit. Si elle symbolise l’Eglise, cela nous rappelle simplement que ni le péché ni aucune force ennemie ne peut prévaloir contre l’Eglise de Dieu (Cf Mt 16,18). En revanche, il faut aussi comprendre le défi qu’a l’Eglise de rester accessible à tous, qui qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. N’est-ce pas aussi cela sa catholicité et son universalité ? Le pape Léon dimanche dernier a souligné dans son homélie que nous ne devons pas « nous enfermer dans notre petit groupe ni nous sentir supérieurs au monde ; nous sommes appelés à offrir à tous l’amour de Dieu, afin que se réalise cette unité qui n’efface pas les différences, mais valorise l’histoire personnelle de chacun et la culture sociale et religieuse de chaque peuple. » C’est, mutatis mutandis, tout le problème soulevé par la première lecture de ce jour et que les apôtres ont réglé avec sagesse et charité pastorale. Et bien sûr avec le secours de l’Esprit Saint.
  • Ensuite notre Ville Sainte n’a pas de sanctuaire : c’est signifier que la foi qui sauve ne se nourrit pas d’abord de rites ni d’une pratique formelle, mais d’amour, l’amour pour le Christ qui consiste à observer sa Parole : celle-ci nous recommande de prendre soin les uns des autres. Ici prennent sens les paroles de Saint Augustin que cite le Pape (Cf son homélie du 18 mai 2025) : « L’Eglise est constituée de tous ceux qui sont en accord avec leurs frères et qui aiment leur prochain » (Discours 359, 9). Et non pas, c’est moi qui ajoute, de dévots puritains récitant la doctrine ‘’traditionnelle’’, qui ne savent que stigmatiser et exclure à coup de règles dogmatiques, forts d’un légalisme intransigeant et sans cœur.
  • Enfin, cette Ville symbole de la création nouvelle, n’a plus nul besoin ni du soleil ni de la lune de la première création. Sa lumière c’est Dieu lui-même et l’Agneau. C’est la présence divine qui sauve et illumine l’Eglise et chacun de ses membres. L’Evangile selon saint Jean affirme bien que le Christ est la Lumière véritable (Jn 1, 9) et le Temple sanctuaire (Jn 2, 19-21). C’est en demeurant en Lui et en nous éclipsant devant lui que l’Eglise peut être vraiment missionnaire, parce que témoin de l’amour. Ce qui fait le disciple ou l’apôtre, j’allais dire le prêtre, la religieuse et pourquoi pas le séminariste et tout chrétien, ce n’est pas tant l’ordination ou la consécration religieuse, ce n’est pas tant ce que nous appelons vocation ou les sacrements, mais dabord et surtout notre engagement sincère à devenir des saints, par imitation du Christ et par le creuset de l’amour de Dieu et celui du prochain.

Concluons par ces mots du pape Léon prononcés dans la même homélie de l’Eucharistie d’inauguration de son ministère pétrinien : « Avec la lumière et la force du Saint Esprit, construisons une Église fondée sur l’amour de Dieu et signe d’unité, une Église missionnaire, qui ouvre les bras au monde, annonce la Parole, se laisse interpeller par l’histoire et devient un levain d’unité pour l’humanité » Ainsi soit-il.

Père Moïse SOKEGBE

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Résoudre : *
22 − 18 =