3e dimanche du Temps ordinaires
Année A
Mission de Jésus et des disciples
L’arrestation de Jean le Baptiste pousse Jésus, qui termine sa longue retraite au désert, à remonter loin de Jérusalem, en Galilée. Son retour en Galilée le conduit à Capharnaüm (v.13) accomplissant ainsi la parole du prophète Isaïe : « v 15-16) ». L’arrestation de Jean le Baptiste marque en même temps de préparation du Royaume. Jésus entre publiquement en scène. Désormais, Jésus invite à la conversion ; c’est le début d’une mission qui le reconduira à Jérusalem, lieu de sa mort et de sa résurrection.
Plan : 1° La cible de la mission de Jésus ; 2° Critère pour devenir disciple ; 3° Climat social pour un ministère épanouissant ?
1° Destinataires : à qui Jésus s’adresse-t-il ?
Le pays de Zabulon et celui de Nephtali formaient la partie nord du Royaume d’Israël. Ce sont les territoires qui ont été envahis par l’Assyrie en 732 avant Jésus-Christ (2R15, 29). La route de la mer était une route commerciale longeant la Méditerranée pour relier la Syrie à l’Egypte. L’expression District de populations étrangères ou Carrefour des païens traduit l’hébreu : Galilée des nations, car sa population était fortement mélangée à des non-Israélites : des cananéens y résidaient (Jg 1, 33) ; Salomon avait même donné une partie du territoire au roi de Tyr (1R. 9, 11-13). Ce pays, placé sous la juridiction d’Hérode Antipas, le mauvais roi, avait été le lieu où les Assyriens avaient implanté des peuplades étrangères. Creuset où ce sont fondus des peuples ennemis, la Galilée est la figure du monde impur au cœur duquel le Sauveur va agir.
La situation de ce territoire permet d’inférer que la prédication de Jésus s’adresse à la multitude de ceux qui sont, pour l’instant, installés dans le péché, dans les ténèbres : ce sont d’abord les juifs – le peuple qui habitait, qui était assis dans les ténèbres, ceux qui se trouvaient dans le sombre pays de la mort – comme en témoigne la longue citation du prophète Isaïe (v.15-16). Mais en contexte de l’évangile selon Saint Matthieu, ce sens s’élargit pour englober l’ensemble de ceux, juifs et païens, qui reconnaissent en Jésus l’envoyé de Dieu. En effet, Isaïe cité par Matthieu (Is. 8, 23 ; 9, 1) avait prédit que l’évangile serait annoncé aux non-juifs. Or la Galilée était entourée de villes païennes avec lesquelles les échanges étaient fréquents, et un nombre important de juifs vivaient aussi dans de grandes villes de Galilée. Jésus, comme Jean le Baptiste avant lui (3, 2), appelle ceux qui l’écoutent à changer ou à se repentir. Il annonce que Dieu vient régner sur la terre afin de délivrer la création du mal et rétablir la paix et la justice (vv. 17. 23 : c’est la bonne nouvelle du royaume de cieux).
2° Appel de quatre disciples : critères d’appel ?
Aucune explication n’est donnée aux raisons qui motivent Jésus à appeler les quatre premiers disciples v. 18-22). On constate seulement que l’effet de cet appel est immédiat : les disciples laissent tout et ils suivent Jésus. Contrairement à Luc et Jean, Matthieu présente l’appel des disciples sans aucune préparation, c’est peut-être pour dire que le royaume s’affirme avec force et qu’il constitue un défi à la logique humaine. Le Royaume exige une obéissance immédiate, car le petit groupe qui se constitue est déjà l’Eglise, germe du Royaume. Jésus lui-même est déjà à l’œuvre au service de son Père. En enseignant dans les synagogues, Jésus s’insère dans la tradition juive ; en annonçant le Royaume, il en transfigure l’attente. En guérissant les malades, Jésus manifeste visiblement le renouvellement du monde désormais pénétré par Dieu et cela correspond, de nos jours, à l’attente la plus profonde du peuple de Dieu, de l’Eglise. Prêtre, vous serez les serviteurs de cet idéal.
Le but pour lequel il les appelle est encore à venir : « Venez à ma suite et je vous ferai pécheurs d’hommes » (v. 19 ; cf. aussi Jr. 16, 16). Jésus les invite seulement à recevoir son enseignement et à participer à son action. L’appel d’un disciple du Christ, d’un Apôtre ouvre toujours vers un avenir enraciné dans une parole première et donc une parole fondatrice. C’est le cas pour Simon devenu Pierre : on commencement de son existence en qualité de disciple est la parole qui le nomme et à laquelle, comme Abraham (Gn. 12, 14), il répond dans un acte de foi. Quoi qu’il en soit de ce que Pierre sera appelé à faire ou à dire, ce qui le constitue comme disciple n’est donc pas une prédisposition particulière ou une quelconque volonté de sa part, mais plutôt cet appel reçu qui rencontre une réponse en retour. Le Christ n’appelle pas une personne en raison de ses qualités particulières ; Pierre n’était pas toujours à la hauteur de la tâche qui lui était assignée. L’évangile le prouve : Mt. 14, 28-31 ; 16, 21-23 ; et surtout 26, 33-35. 69. 75. Il en sera de même pour André, Jacques et Jean. D’ailleurs, Jacques et Jean seront avec Pierre les témoins privilégiés de deux épisodes importants du ministère de Jésus : la transfiguration (17, 1-13 ; voir v. 1) et la prière à Gethsémani (26, 36-46, voir v. 37).
3° Dans quel climat social, l’annonce de la bonne nouvelle sera une réussite ? La première lettre de Saint Paul aux corinthiens nous qu’il faut éviter de petites querelles intestines, surtout se départir de la mentalité des groupes fermés exclusifs. Nous, nous sommes de…., moi, je suis de telle obédience ; je ne peux collaborer avec tel parce qu’il est de telle appartenance ou de telle origine (1Co. 1, 12). L’annonce de la parole de Dieu, de la bonne nouvelle de Jésus doit être notre seule priorité. Le Chrétien n’appartient pas au prêtre qui l’a baptisé, mais au Christ, source de notre unité et notre paix (Eph. 2, 14).
L’évangile nous dit que Jésus est monté loin de Jérusalem, en Galilée, en milieu païen. C’est là qu’il commence à prêcher et appelle ses premiers disciples, ceux qui seront ses témoins et fonderont l’Eglise. Nous n’en sommes pas là bien évidemment. Mais nous devons, nous aussi commencer au commencement. Comme Pierre, Jésus vient nous rencontrer, là où nous vivons dans cette époque qui est la nôtre. Jésus viens nous chercher très loin et nous invite à le suivre. En conséquence, il nous demande de laisser, mieux d’abandonner quelque chose et de lui faire confiance. IL s’occupera de tout : de notre formation et de bien d’autres besoins primaires et existentiels, car le serviteur ne manquera de rien (Luc 22, 35). Cette confidence, confirmée par le témoignage de tant de disciples, doit nous inciter à faire le premier pas, c’est-à-dire s’en remettre à jésus, se mettre à sa suite, c’est entrer dans la voie de la plus grande liberté intérieure, c’est prendre le chemin qui conduit au Père.
Prions alors que Christ nous y conduise ! Amen !