PARUTION DE LA VOIX DE SAINT PAUL-Numéro 129

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PARUTION DE LA VOIX DE SAINT PAUL-Numéro 129

 

L’EXISTENCE HUMAINE, CE NON-SENS.

          Son existence, peut-être éreintante ou asphyxiante ou encore fastidieuse, l’Homme la trouverait trop dure, caduque et insignifiante pour vouloir la vivre. Car, il la qualifie bien souvent d’insensée et d’absurde. Mais ce dégoût manifeste qui se constate de temps à autre dans les attitudes de l’Homme ne l’empêche guère de se lancer à la quête d’objets, de faits pouvant conférer un sens à son existence. Cependant, il se retrouve toujours insatisfait et avide se rendant compte de l’interminable souffrance qui est la sienne. Découragé certainement à ce moment, il n’hésiterait pas à s’en remettre à son triste sort comme Alfred de Vigny : « […] Gémir, pleurer, prier, est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche dans la voie où le sort a voulu t’appeler, puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler »[1] . Ailleurs, l’Homme ne refuse pas de côtoyer les nombreuses théories à tendances eudémonistes. Toujours est-il que celles-ci l’enserrent davantage dans cet étau soi-disant infernal. Tout ceci le tiraille de tous côtés et embrouille l’horizon heureux qu’il pourrait entrevoir pour son existence. De fait, la pente existentielle humaine semble insurmontable, mais il faudrait s’en accommoder résolument à l’instar de Sysiphe [2]. Au psalmiste de constater avec désarroi que la longue durée de l’existence n’est que peine et misère[3] . Par ailleurs, le plus choquant et déconcertant est quand on se rappelle la cruelle ennemie de l’Homme qu’est la mort. Face à cette évidence qui se présente telle une impasse, celui-là trouve son existence insipide au point qu’elle lui paraît comme un rien. « […] la vie est un drôle de non-sens […] »[4] dit Olympe Bhêly-Quenum. Alors, pourquoi vivre si ce n’est que pour souffrir ? À quoi bon vivre quand on sait que l’on est un « être pour la mort »[5] ? Pourquoi vivre si la soif de bonheur et le désir d’immortalité sont toujours respectivement inextinguibles et ardents, mais jamais atteints ici-bas ? Telles sont les questions qu’on pourrait se poser. Cependant, pour faire taire ces interrogations en l’Homme, le Christianisme, lui pose en face de ses situations angoissantes, le triple événement pascal qu’il commémore annuellement : Passion-Mort-Résurrection du Christ, afin de conférer un sens à l’existence. Véritable contraste qui nous maintient perplexes. C’est fort de toutes ces considérations que notre organe de presse veut s’élancer dans les contours de l’univers réflexif pour nous proposer une parution susceptible de nous faire entrer en débats. De par donc les nombreuses rubriques qui sont la sienne, cette parution de la Voix de Saint Paul, va se donner le plaisir et la tâche de vous décrire avec des points de vue personnels et accompagnés, bien sûr, de ceux d’auteurs, ce que recèlerait l’existence de l’Homme. À chacun, il sera donné de qualifier, par suite, l’existence. Du moins, lui sera-t-il offert l’occasion de lui attribuer une image avec calquées en arrière-fond ses expériences.

Géraud YOCLOUNON, Philo II

 

[1]A. de VIGNY, La mort du loup in Les destinées : poèmes philosophiques, Michel Lévy Frères, Paris, p. 47 [Version électronique].

[2] Cf. A. CAMUS, Le mythe de Sysiphe. Essai sur l’absurde, Gallimard, Paris 1942, p. 115-119.

[3] Cf Psaume 90(89),10.

[4] O. BHÊLY-QUENUM, Un piège sans fin, Présence Africaine, Paris 1985, p. 65.

[5] Cf. M. HEIDEGGER, Être et Temps, traduction par Emmanuel Martineau, édition numérique hors commerce 1985, § 46 à 60

 

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