21 janvier 2024 : 3ème Dimanche ordinaire B- Homélie

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21 janvier 2024 : 3ème dimanche ordinaire B

Jon 3, 1-5.10 ; Ps 24 ; 1 Co 7, 29-31 ; Mc 1, 14-20

Dimanche dernier, saint Jean nous a décrit le récit de l’appel des trois premiers disciples (Jn 1, 35-42). Aujourd’hui, Avec saint Marc, l’évangéliste de l’année liturgique B, nous méditons le texte sur le début du ministère de Jésus ; et l’évangéliste situe le début du ministère de Jésus après l’arrestation de Jean-Baptiste. Probablement pour nous faire voir la continuité du message évangélique ; ou pour nous dire que rien n’arrête la Parole de Dieu. Les hommes ont emprisonné Jean-Baptiste croyant mettre fin à sa prédication ; et Jésus commence son ministère en reprenant la même prédication du Baptiste, la conversion : « convertissez-vous, le règne de Dieu s’est approché ».

En effet, selon l’évangéliste Marc, le ministère de Jésus consiste  à : proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu (1, 14). Ainsi, le second évangile nous fait voir la radicale nouveauté de Jésus et de son message par rapport aux prophètes de l’Ancien Testament. Ceux-ci annonçaient la venue prochaine d’un jour du Seigneur. Mais ils en parlaient comme d’un jour de jugement et de colère. Pensons à la proclamation faite par Jonas à Ninive dans la première lecture de ce dimanche : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite » (Jon 3,4). On peut encore citer le prophète Sophonie : « Il est proche, le grand jour du Seigneur, il est proche, il vient en grande hâte. On criera amèrement au jour du Seigneur, le brave lui-même appellera au secours. Jour de fureur que ce jour, jour de détresse et d’angoisse, jour de désastre et de désolation, jour de ténèbres et d’obscurité, jour de nuée et de sombres nuages » (So 1, 14-15).

Contrairement à eux, Jésus, fait une proclamation joyeuse. Il annonce une « Bonne Nouvelle », qui vient de Dieu : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu s’est  approché. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (1, 15). Comme on peut le remarquer la première partie de la phrase : « les temps sont accomplis, le règne de Dieu s’est approché » est construite avec les verbes au parfait pour indiquer que le royaume de Dieu est là et continue d’être là. La deuxième partie de la phrase est avec les verbes à l’impératif, ce qui constitue une interpellation aux auditeurs à répondre par une attitude positive qui se traduise en actions. Comme Dieu l’a fait avec Abram (Gn 12, 1-3), Jésus invite d’abord « à se convertir, c’est-à-dire à rompre avec le passé et adopter un comportement nouveau. Puis, il invite à croire à l’Evangile : « croyez à la l’Evangile ». Cette expression est unique dans le Nouveau Testament et elle nous presse à prendre l’évangile, la Parole de Dieu en compte, et à en faire le lieu de notre existence. Et comme une image vaut mille mots, Marc ne fait pas que citer les paroles de Jésus. Immédiatement après la synthèse de l’enseignement de Jésus, l’évangéliste montre comment cette parole, cette heureuse annonce, a été accueillie par les premiers disciples.

Marquons une pause ici et interrogeons-nous : Les premiers disciples de Jésus sont-ils d’anciens disciples de Jean Baptiste qui, à son invitation, suivent Jésus, voient où il demeure et vont chercher d’autres disciples (version de Jean dimanche dernier) ? Ou bien sont-ils ces quatre pêcheurs, que Jésus croise au bord de la mer de Galilée et qui, contre toute attente, abandonnent leur métier pour suivre cet inconnu qui passe (version de Marc ce dimanche) ? Au-delà de cette enquête historique, tâchons donc de saisir la théologie de Marc qui se dessine dans son récit de l’appel des premiers disciples.

Il est étrange de voir que la première action de Jésus est de choisir des disciples. Jésus vient à peine de commencer son ministère public. Il n’est pas connu, et déjà il agit en maître. Il appelle, et aussitôt ceux qui sont interpellés se lèvent. Ils quittent tout, comme s’ils ne pouvaient pas résister à l’appel. Et Marc d’ajouter : « Aussitôt, […] ils le suivirent » (1,18). Réaction surprenante, qui montre bien la puissance de l’appel de Jésus, la puissance de la Parole de Dieu. Après Simon et son frère André (1,16) l’histoire se répète avec deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean (1,19). Chez eux aussi, même réaction : « Ils partirent derrière lui » (1,20).

L’appel lancé par Jésus à ces quatre hommes conjugue rupture et continuité. Rupture : les premiers abandonnent leurs filets tandis que les seconds « laissent dans la barque leur père avec ses ouvriers » (1,20). Continuité : ils abandonnent leur métier de pêcheurs pour un nouveau travail qui a des affinités avec le premier : « Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (1,16). On a l’impression que Jésus devient le pêcheur, et que dans ses filets, il a pris quatre disciples, quatre gros poissons. On pourrait se demander si c’est vraiment un idéal que d’attraper des hommes avec un filet comme des poissons et de les laisser s’asphyxier sur le rivage, hors de l’eau, leur milieu naturel… Dans le monde sémitique, la mer est le symbole et le lieu des forces hostiles et mauvaises. C’est pour cela que Jésus peut y faire ressortir ces quatre pêcheurs et les engager à sa suite, en toute liberté. Ainsi lorsqu’il les appelle à sa suite, il les soustrait à l’emprise du mal et des forces hostiles, ce sont déjà des personnes sauvées… bien plus, il leur demandera d’être comme lui, des « pêcheurs d’hommes », d’être comme lui, de ceux qui font sortir les hommes des forces du mal et des forces hostiles.

Ces quatre disciples sont les premières personnes que Jésus rencontre, il les « voit ». Il les pénètre de son regard. Ils n’ont pas besoin de présenter des capacités particulières, car ils vont être derrière Jésus pendant tout son ministère. Dès le début de l’évangile, Jésus est montré comme un personnage itinérant, toujours en mouvement. C’est en partageant la route avec Jésus que les disciples vont apprendre de lui. Ils vont à peu près ne rien comprendre de Jésus durant tout ce temps. Ce n’est qu’après l’épreuve de la crucifixion qu’ils vont comprendre et renaître, animés par l’Esprit Saint. C’est le cheminement des disciples.

Cette scène est très proche de l’appel d’Elisée par Elie (1 R 19, 19-21) qui semble bien avoir inspiré Marc. On y retrouve des éléments semblables :

  • Le déplacement d’Elie et sa découverte d’Elisée
  • L’activité du laboureur Elie
  • L’appel et le rejet du manteau
  • L’abandon des instruments de travail
  • Le départ d’Elisée à la suite d’Elie

En s’inspirant de la vocation d’Elisée, Marc a voulu probablement montrer l’autorité prophétique de Jésus. Comme Elie, Jésus a totalement l’initiative de l’appel, comme aussi l’ange du Seigneur qui choisit Moïse en train de faire paître le bétail (Ex 3, 1-2) ou Gédéon occupé à battre le blé (Jg 6, 11-12).

Permettez-moi, pour finir, d’énumérer quelques caractéristiques ou aspects de la Parole de Dieu que les textes liturgiques de ce 3ème dimanche du Temps Ordinaire, Dimanche appelé dimanche de la Parole de Dieu (4ème édition) nous font découvrir : La Parole de Dieu est éternelle (continuité du ministère du Jean-Baptiste par Jésus) ; la Parole de Dieu est performative (aussitôt appelés, aussitôt ils se lèvent) ; La Parole de Dieu convertir les cœurs (les premiers disciples quittent tout pour aller à Jésus) ; la Parole de Dieu sauve (elle retire les hommes de la mer, c’est-à-dire du gouffre de la mort) et enfin la Parole de Dieu est vie (les ayant sortis de la mer elle les amène sur le rivage pour y respirer de l’air pur afin de donner vie à leurs âmes). La Parole de Dieu est tout cela, et même plus ; mais avant elle requiert une disposition de l’homme, c’est disposition est que l’homme l’accueille dans son cœur. Et cela, c’est sans délai, nous dit saint Paul, car « le temps est limité » et « le monde, tel que nous le voyons, passe ».

     Aujourd’hui, André et Simon, Jacques et Jean nous enseignent comment accueillir cette Parole : il s’agit de se mettre en route à la suite de Jésus. Oserons-nous prendre à nouveau le chemin du repentir et de la foi ?

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