CONFERENCES EN PANEL SUIVANT LES AXES DU 23 MARS 2023

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1 – AXE PHILOSOPHICO-SOCIAL 

« Quelle éthique de l’humain pour la renaissance africaine ? »

Animée par le père Théophile AKOHA, maître de conférences des universités du CAMES, la première conférence en panel, est articulée autour de trois points focaux que sont : le décryptage sémantique, le type d’éthique pour la renaissance de l’Afrique et le cadre de potentialisation de l’humain en Afrique. L’éthique de façon brève est le comportement, la norme à adopter. L’humain est la plénitude vers laquelle tout homme doit tendre pour son accomplissement plénier. L’Afrique, notre continent, se bat et se débat entre plusieurs idéologies. Et son identité est de ce fait, bafouée. Cette réalité entraîne malheureusement son sous-développement.

Abordant le point du type d’éthique pour la renaissance de l’Afrique, AKOHA pense qu’on ne peut parler de renaissance sans parler de l’homme. La renaissance d’un peuple doit s’appuyer sur des hommes et des femmes debout et non sur des zombies. Il propose plusieurs types d’éthique à même d’œuvrer à la renaissance de l’Afrique. A ce titre, l’éthique humaine peut être prise comme le comportement qui honore l’identité humaine et ne la confond pas aux dérives de notre temps. L’éthique rationnelle par contre entre hédonisme, idéologies avilissantes et émotions aliénantes, donne place à la raison humaine et nous permet d’arpenter les sentiers du développement. Cette éthique nous préserve de la dispersion. L’éthique culturelle tente pour sa part de se dévêtir des apparats d’emprunts et impose un renouvellement de vision. Le modèle d’être en Afrique n’est pas à chercher en dehors de l’Afrique. Et il y a trois écueils qu’il nous faut souvent éviter : se garder de sanctifier la culture africaine tout en niant ses scories, rejeter la culture occidentale et la religion catholique, la percevant telle la chose du colon. L’Afrique doit prendre chez les autres ce qui ne l’aliène pas. C’est le rendez-vous du donner et du recevoir. Seulement qu’il ne faut point verser dans un christianisme embourbé par les mailles de la culture occidentale sur le plan religieux.

L’éthique communautaire qui est à cultiver aujourd’hui doit être repensée sur les bases de l’altérité et de la communion. Le cadre de potentialisation de l’humain comme troisième point de cette conférence présente la famille, l’école, la politique, la culture, l’Eglise comme des instances de vie. Chacune d’elles doit s’harmoniser autour des valeurs qui ne divisent point l’être africain en lui-même. Il s’agit de la valorisation de sa culture, de sa langue, la culture de la paix, la lutte contre la sorcellerie, la crainte de Dieu et aussi tout ce qui de l’extérieur peut valoriser la tradition.

2 – AXE POLITIQUE ET JURIDIQUE

« Le néo-républicanisme pour refonder l’inaliénable dignité humaine »

La deuxième conférence en panel suivant l’axe politique et juridique, fut animée par M. Gad Abel DIDEH. Le conférencier articula sa pensée autour de la définition de la dignité humaine, sa nécessité, son paradoxe et les valeurs républicaines promouvant la dignité humaine. Sa problématique se présentait comme suit : Le bafouement de la dignité humaine à travers l’instrumentalisation de l’humain, sa mercantilisation, sa réification. De fait, la dignité humaine renvoie au respect dû à toute personne sans aucune distinction, fort de son humanité. Certes le concept signifie également le titre ou l’honneur voué à l’homme, mais symbolise encore plus la grandeur de l’homme. Avec les idéologies naissantes, le paradoxe évident est la proclamation des droits humains et la violation de ceux-ci au plan axiologique. Comment donc refonder les valeurs du néo-républicanisme qui promeuvent la dignité humaine ?

De Pic de la Mirandole à certains modernes dont Rousseau et Kant, la dignité humaine s’érige en principe sacré et est inhérent à tout humain, du seul fait de sa condition humaine. Kant arguera d’ailleurs que seul l’homme est au-delà de tout prix. Il a une valeur intrinsèque et non relative, d’où sa dignité. Comment saisir alors le constat plus qu’obvie de la violation des droits de l’homme et partant de la dignité humaine à nos jours ? Le besoin de sécurité, la toute-puissance de l’argent ravalant l’humain au rang de gadget, de marchandise, l’inversion des valeurs, ont conduit les hommes à perdre de vue la sacralité de leur nature propre. Le conférencier présenta par la suite, quelques atteintes à l’intégrité de l’homme à savoir : le droit des minorités, le droit de disposer de son corps comme d’un objet… Il soutient par la suite dans son développement que la liberté dont tous doivent jouir, doit être entendue comme absence de domination. Seul un gouvernement républicain peut promouvoir la vertu qui doit caractériser l’agir de tous. La liberté comme absence de domination dont il parle, doit marquer une rupture épistémologique pour le néo-républicanisme. Le conférencier proposa de fait une réhumanisation des voies de la politique. Il finit par la nécessité d’un retour aux valeurs traditionnelles.

 3 – AXE ETHNO-THEOLOGIQUE 

 « Foi et Culture au fondement du Gbètonyinyi en Afrique d’aujourd’hui »

« Si tu peux voir détruire l’ouvrage de ta vie et ne rien dire et te mettre à rebâtir, alors tu seras un homme mon fils ». C’est par cette citation de Rudyard Kipling que le père Roland Téchou ébaucha sa pensée. Il commença par montrer en réalité que dans tous les domaines, il y a urgence de refonder l’humain. Il ne s’agira pas pour lui de définir l’être humain ni de parler de l’homme mais de dire ce qu’est être humain. Il faut en parler en sauvegardant l’inaliénable dignité humaine. Au XXIème siècle, l’humain se voit penser à partir de lui-même. A juste titre, Paulin Hountondji se demande qui est l’humain en ce 21ème siècle ? Mais Jacob Agossou de lui répondre qu’avant d’être européens, africains, ou asiatiques, il y a des symboles, des gestes qui expriment des expériences ni africaines, ni européennes, ni asiatiques, mais humaines.

La pensée est le propre de la philosophie et l’enjeu de la religion est fondamental. Dans ce sens, Jacob Agossou répond que le Christianisme est une vie et que le théologien africain a à éduquer les siens tout en tenant compte de sa culture. Voilà pourquoi la philosophie de la religion se doit d’avoir des fondements anthropologiques. Pour ses fondements, il importe de bannir la béninoiserie et les anthropologies réductrices qui empêchent le sujet culturel et religieux béninois de bien vivre. D’où le retour à ce que nous sommes intrinsèquement : le paradigme du Gbètonyinyi.
Quelques recommandations
1. Comprendre l’incarnation
2. Mettre la raison humaine au fondement
3. Incorporer pour toute l’humanité l’enjeu de la finitude.
4. La critique ethnophilosophie est un appel à penser notre Gbètonyinyi
5. L’erreur de la colonisation ne doit pas être pensée en mentalité coloniale
6. L’obligation d’une pastorale qui délaisse la chasse aux sorciers
7. L’urgence de prendre au sérieux les recommandations de Vatican II
8. Procéder à une éducation chrétienne.

 

Le secrétariat du colloque

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