25 janvier 2022 – Homélie du Nonce Apostolique, S.E. Mgr Mark G. Miles à l’occasion de la fête patronale du Philosophat de Djimè.                                                                                                           

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[Ac 22, 3-16 ; Ps.116(117) ; Mc 16,15-18]

Cher Père Roger,

Révérends Pères formateurs,

Révérendes Sœurs,

Chers séminaristes,

Et vous tous, chers amis, frères et sœurs dans le Christ,

      Je vous salue et je vous remercie pour votre accueil chaleureux. Je salue le Père Roger, votre Recteur qui, au nom de vous tous, séminaristes, collège des formateurs, religieuses et personnel de soutien, m’a invité à visiter cette historique maison de formation au Bénin. Grande est ma joie d’être avec vous depuis hier soir pour vivre avec vous des moments de communion et de fraternité à l’occasion de la fête patronale de ce Grand Séminaire de Philosophie dédié à l’apôtre des Gentils, Saint Paul. C’est surtout un très grand plaisir pour moi de vous rencontrer, vous mes chers séminaristes, les futurs pasteurs de l’Eglise locale et de partager avec vous vos préoccupations, vos espérances mais aussi les attentes de toute l’Eglise au service de laquelle vous vous préparez à vous mettre, par votre futur ministère dans vos diocèses respectifs.

     Chers séminaristes, vous qui êtes appelés à suivre le Christ et êtes en marche vers son Autel, ce Séminaire est le lieu adéquat, l’école indispensable où le Christ est présent et se révèle pour vous accompagner. Votre parcours, les années de formation au séminaire sont un cheminement qui vous permet de vous approcher de Jésus et de vous transformer en lui. En d’autres termes, ici, vous apprenez à aimer le Christ, à aimer comme le Christ, à penser comme le Christ, à agir comme le Christ, à servir comme le Christ en vue d’être un alter Christus par l’ordination. Ainsi, il est important de ne rien négliger de la formation complète (humaine, intellectuelle et spirituelle) qui vous est donnée. A cela s’ajoute la dimension de la maturité affective, du sens du détachement des biens matériels et de l’esprit de communion fraternelle.

     Comme vous vous en doutez, il s’agit d’apprendre, ensemble avec vos formateurs, à discerner la volonté de Dieu dans votre vocation d’appelés. A cet effet, j’aimerais féliciter et remercier les formateurs qui se sont succédé au long des années jusqu’à maintenant, pour les nombreux sacrifices qu’ils n’ont cessé de consentir dans l’accompagnement de la vocation de leurs jeunes frères pour qui ils doivent toujours rester des modèles, à la manière de Saint Paul qui a dit : « Soyez mes imitateurs comme moi-même je le suis du Christ » (1 Co 11,1). Car, le ministère sacerdotal auquel vous aspirez, par votre présence dans cette maison, n’a de sens que dans l’imitation du Christ qui nous associe pleinement à son offrande sacrificielle, gage des bienfaits de Dieu.

     Révérends Pères et chers frères et sœurs, en communion avec l’Eglise, nous fêtons en ce jour la conversion de l’Apôtre Paul et clôturons la semaine œcuménique de prières pour l’unité des chrétiens. Les textes de la liturgie nous éveillent à la question de la foi ; cette foi qui prend sa source dans la conversion et se développe à travers une conversion permanente de tous les jours. Ces textes nous orientent aussi et surtout vers la perspective de la Mission. En effet, l’extrait de l’Evangile selon saint Marc met l’accent sur la mission de porter l’Evangile à tous les hommes en unissant étroitement le témoignage de la parole à celui des actes, des signes. Notre vocation chrétienne est fondamentalement liée à la mission. C’est d’ailleurs ce que le Pape Paul VI a mis en relief dans son exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi, quand il a affirmé que « L’annonce de l’Evangile constitue la joie et la vocation de l’Eglise, son identité la plus profonde : celle-ci existe pour évangéliser » (n°14).

     Le Seigneur, après avoir réuni ses Apôtres, les envoie en leur ordonnant d’ « aller dans le monde entier » avec l’engagement de les assister lui-même dans cette mission universelle. Dans cette proclamation de la Bonne Nouvelle à toute la création, les Apôtres sont comme libérés de l’angoisse de devoir être seuls à affronter les réalités de leur exigeante mission. Ils se sont transformés eux-mêmes dans la foi. Ils ont été les premiers à croire, et maintenant ils sont remplis du devoir de gagner des âmes en partant de leur foi. De l’Evangile qu’ils annoncent, ils parviennent à améliorer la qualité de leur vie dans l’approfondissement de leur foi.

      Au-delà des effets éprouvés par les Apôtres, l’exhortation à la mission universelle suppose le fait que les disciples d’aujourd’hui sont en mesure d’activer en eux-mêmes, et dans le nom du Seigneur, une force de libération. Cette force permettra de dompter le poison mortel et de combattre le mal sous toutes ses formes. Heureusement, notre mission continue celle de Jésus. Jésus est le modèle de tout missionnaire. Il est passé dans ce monde en faisant le bien, en aimant les autres comme il aimait son Père. Il priait toujours celui-ci, non pas pour fuir les situations complexes, mais pour trouver la force d’offrir son amour. Sa vie a manifesté la manière dont Dieu nous aime. C’est ainsi que nous devons, par notre vie, témoigner de l’amour dont Dieu nous aime.

      La conversion de saint Paul, dont le récit nous est livré par lui-même dans la première lecture, montre que la mission évangélisatrice s’épanouit dans la rencontre personnelle avec le Christ. Une rencontre qui change de l’intérieur et fait naître en soi l’homme nouveau. Autrement dit, l’on ne peut être réellement missionnaire que dans la mesure où l’homme ancien, pris dans la spirale de ses tristesses, de ses pesanteurs et de ses découragements, est définitivement vaincu en soi. Sans une telle défaite du vieil homme, la mission apparaîtra toujours difficile à vivre ou simplement comme un poids, une charge supplémentaire de la vie chrétienne, au lieu d’être un témoignage porteur de fruits de la vie et de salut. La vraie conversion se concrétise dans la mission, la mission d’annoncer Jésus, le Fils de Dieu, et de faire en sorte que la foi au Christ ressuscité transcende tous les divers aspects de la vie.

     Avant que le Ressuscité ne lui apparaisse sur le chemin de Damas en lui disant : « Je suis Jésus le Nazaréen, celui que tu persécutes » (Ac 22,8), saint Paul était l’un des adversaires les plus acharnés des premières communautés chrétiennes. Et saint Luc le décrit parmi ceux qui ont approuvé la mort d’Etienne au cours des journées de la violente persécution contre les chrétiens de Jérusalem (cf. Ac 8, 1). Parti de la Ville Sainte, pour étendre cette persécution  des chrétiens jusqu’en Syrie, il va y revenir après sa conversion, pour être introduit auprès des Apôtres par Barnabé qui s’est fait le garant de l’authenticité de sa rencontre avec le Seigneur.

     Nous pouvons dégager deux points essentiels de cette vie de saint Paul : la communion au Christ Jésus et le don de l’Esprit Saint. En effet, la communion au Christ Jésus a permis à saint Paul d’expérimenter la gratuité de l’amour de Dieu en faisant naître en lui le désir de le partager à tout homme ; tandis que le don de l’Esprit Saint lui a fait vivre déjà la vie du Ressuscité, même s’il a fallu attendre de passer par la mort pour la vivre pleinement.

     Chers frères dans le sacerdoce, chers amis séminaristes, chacun de nous est appelé à vivre la réalité de ce que Paul a vécu sur le chemin de Damas en acceptant de quitter ses certitudes sur Dieu. En réalité, Dieu échappe souvent à ce que l’on croit savoir sur Lui. Il est toujours plus grand que ce que nous pouvons croire et savoir. Soyons donc des chercheurs de Dieu qui savent se remettre en cause, prêts à perdre leur assurance première devant la Vérité pour faire de plus belles découvertes. Il faut savoir accepter de perdre de ses propres certitudes sur Dieu ou sur la vie, pour entrer en dialogue avec les autres.

      Implorons donc l’intercession de saint Paul afin que « le monde de notre temps puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Evangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçus en eux la joie du Christ, et qui acceptent de jouer leur vie pour que le Royaume soit annoncé et l’Eglise implantée au cœur du monde » (Pape Paul VI, Evangelii Nuntiandi, n°80).

    Je voudrais terminer cette méditation, en remerciant Mgr Eugène Houndékon, l’Ordinaire de ce Diocèse, pour sa sollicitude. Je vous renouvelle aussi mes sentiments reconnaissants, cher père Roger, pour votre invitation et pour le cordial et généreux accueil de toute la communauté du Séminaire. Je souhaite à vous tous, formateurs, religieuses, séminaristes et personnel laïc une féconde année académique et mes vœux les meilleurs pour cette nouvelle année 2022. Qu’elle soit pour vous une année de prospérité humaine et spirituelle.

     Daigne Saint Paul, votre Saint Patron, vous accompagner toujours dans votre service et dans votre préparation au ministère sacerdotal.

     Que la Vierge Marie, Mère de l’Eglise, intercède pour vous tous, prêtres, religieux et religieuses, et séminaristes, vous tous artisans dans le champ du Seigneur, et qu’elle accompagne votre apostolat respectif !

       Que le Seigneur vous bénisse !

Son Excellence Mgr Mark Gerard MILES,

Nonce apostolique près le Bénin et le Togo.

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