Homélie du Père Roger ANOUMOU pour le 31ème Dimanche ordinaire C.

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Frères et sœurs, bonjour.  Hier en paroisse, quelqu’un m’a salué et je lui ai dit, comment allez-vous ? Il m’a répondu, ‘je me porte comme le Bénin’. Et vous à Djimè, comment allez-vous?

Après la fête de tous les Saints puis la commémoraison de tous les fidèles défunts, nous voici au trente et unième dimanche du temps ordinaire C. C’est le 1er dimanche de Novembre 2019 et comme certains aiment les vœux, je commence par vous souhaiter un fructueux mois de Novembre. Beaucoup de progrès dans la sainteté. Merci à ceux qui ont mis devant ma porte, ‘’St Roger, priez pour nous !’’ Je m’efforcerai de devenir Saint et de prier pour vous.

En Italie, dans une paroisse où j’ai passé 4 ans, j’ai remarqué que les mamans ne donnaient jamais le nom de Job à leurs enfants. Alors une fois à la messe, j’ai dû leur poser la question et vous devinez leur réponse. Même si Job est une grande figure biblique, même s’il a recouvré ses biens après les avoir perdus, les pères et les mères italiens préfèrent éviter de donner ce nom à leurs enfants pour ne pas faire d’eux des champions de la souffrance. En méditant l’évangile de ce jour, je me suis amusé à voir avec quelle fréquence les mamans ou les papas béninois donnent le nom de Zachée à leurs enfants. Evidemment, je n’ai pas de réponses appuyées de statistiques à vous donner, mais selon moi, Zachée n’est pas un nom fréquent chez nous. Un des rares Zachée dont je me souviens maintenant est un séminariste que j’ai connu à Parakou, puis à Djimè ici, je ne sais plus de quelle promotion, mais je me rappelle qu’il avait aussi une petite taille (sourires). Je ne sais pas si c’est la raison pour laquelle ses parents l’avaient nommé Zachée, ou si c’est parce qu’ils l’avaient nommé Zachée que sa taille en est restée là. Toutefois, rassurez-vous mes amis, j’admirais beaucoup ce séminariste parce qu’il ne se plaignait jamais de cette taille, il avait son sourire naturel, il me semblait épanoui et comme nous encourageons la créativité, il avait même écrit et publié un dictionnaire ou un lexique, je ne sais plus exactement. Voyez-vous ?

Chers amis, savez-vous que loin d’une question de taille, le nom Zachée signifie plutôt « honnête » ? (Alors chères mamans ici présentes, n’ayez pas peur de donner le nom Zachée à vos enfants).

L’évangile de ce dimanche est vraiment admirable, parce qu’en fin de compte, il aboutit à la miséricorde et au salut. C’est le message traditionnel le plus obvie qui se dégage de l’évangile. Mais il est aussi beau dans toute la trame du scenario parce que, Jésus et Zachée, ou si vous préférez Dieu et l’homme, joue bien chacun sa partition. Si vous le permettez, pour notre méditation de ce dimanche, traversons les textes suivants comme dans un match chacun de ces deux protagonistes. Par qui commencer ? Jésus ou Zachée ?

Commençons par voir les choses du côté de Dieu : Jésus. C’est lui qui traversait la ville de Jéricho. Il n’attendait pas quelque part, il était plutôt en route, pour quel motif ? Je dirais qu’il était à la recherche de quelqu’un, du pécheur. Voilà ce que fait Dieu dont le livre de la Sagesse nous dit en première lecture : « Seigneur, tu as pitié de tous les hommes (…). Tu fermes les yeux sur leurs péchés pour qu’ils se convertissent. (…) Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent… ». Chers amis, voilà la psychologie de Dieu, voilà le comportement de Dieu. Arrivé sous le sycomore, Jésus s’arrête pour cueillir le gros fruit qui y était perché, et ce gros fruit, c’est le gros pécheur, Zachée. Lui aussi est un fils d’Abraham. Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » Voilà résumée la mission de Dieu, voilà comment il joue sa partition.

Voyons maintenant comment Zachée joue sa partition. Honnête comme nous l’avions dit plus haut, il se reconnaissait pécheur. En thérapie, reconnaître son mal est déjà un bon début. Zachée n’était pas dans le déni, comme un alcoolique qui vous convainc qu’il ne boit pas. Par ailleurs, Zachée n’était pas dans une reconnaissance passive, il ne se contentait pas de dire « je suis pécheur », mais il était convaincu qu’il fallait faire quelque chose. Faire quelque chose par rapport à cette habitude de mensonge, de colère, de rancune, de haine ; faire quelque chose par rapport à ma paresse, à mes vices, par rapport à ma tendance à être injustice ; je dois faire quelque chose. Animé de cette volonté de faire quelque chose pour son salut, Zachée a aussi accepté de bouger, d’aller à la rencontre de Dieu qui le premier s’est mis en route. Mais c’est un parcours jonché d’obstacles : obstacle de la petite taille, obstacle de la foule, obstacle des préjugées, des récriminations, du regard des autres qui jugent. Ni Jésus, ni Zachée ne se décourage. Et en plus, Zachée a une grande capacité de problem solving. Contre l’obstacle de la taille et de la foule, il monte dans un arbre ; contre l’obstacle des récriminations et des condamnations, il recourt à l’aumône aux pauvres, à la réparation des torts causés aux autres. Zachée est vraiment décidé, sa psychologie est celle d’une personne motivée…. Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent, car la vie est un combat. Dans une question de péchés et de pardon, Zachée nous donne beaucoup de leçons. Dieu joue sa partition, Zachée aussi joue la sienne … Les critiques seront au rendez-vous, les récriminations nous attendent dans notre mission, il y aura beaucoup d’obstacles mais courage et persévérance sans oublier d’être honnête. Dans ma vie aussi, Dieu joue sa partition, mais est-ce que je joue la mienne ?

Comme St Paul nous le recommande dans la 2ème lecture, efforçons d’être digne de l’appel que Dieu nous adresse. Appel surtout à ne pas nous effrayer, à ne pas perdre la tête, à la fermeté dans la foi, appel surtout à la sainteté pour nous trouver un jour dans le bonheur avec Dieu pour les siècles des siècles. Amen

Père Coffi Roger Anoumou

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