RETRAITE DE DEBUT D’ANNEE 2022-2023

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MOTS DE REMERCIEMENT DE LA RETRAITE DE DEBUT D’ANNEE 2022-2023

« JE VOUS DONNERAI DES PASTEURS SELON MON CŒUR » (Jr 3, 15)

            Une Eglise sclérosée de l’intérieur et de l’extérieur par des peurs assassines, une méfiance coupable, un engagement nonchalant, une tiédeur flasque, un syncrétisme indécent…, des pasteurs sans amour et sans conviction profonde…, un peuple de Dieu riche de plus de deux mille ans d’évangélisation mais oublieux de son riche patrimoine fidéiste et missionnaire. Une Eglise domestique du séminaire encore en proie aux abus de l’égoïsme, l’individualisme, à la bureaucratie et à l’intellectualisme, au manque d’attention et de compassion devant la souffrance de l’autre. Voilà autant de maux et de mots qui décrivent la réalité de la vie de foi dans l’Eglise d’aujourd’hui en général et tout particulièrement dans le clergé local et dans les séminaires du Bénin.

          Cher Père Désiré SALAKO, provincial de la Société des Missions Africaines (SMA) près le Bénin et le Niger, les prévenances divines et leur avalanche de délicatesse dans leur prodigalité bienveillante ont conduit vos pas vers nous. Avec nous et pour nous, vous avez accepté faire cette retraite spirituelle, la toute première de notre année académique, celle qui réalise une nouvelle étape de notre Sequala Christi orientée résolument vers l’autel du Seigneur. Ce temps priant de silence, d’enseignement et d’adoration, vous l’avez axé sur l’essentiel de ce que vit l’Eglise de ce temps : la réflexion sur la marche synodale. Tel saint Chrysostome, de votre bouche d’or et avec une attention particulière, nous avons écouté et entendu votre pointilleux enseignement théologique et pastoral sous la charnière du thème : Vivre la communion, la participation et la mission comme sujet-séminariste dans l’Eglise synodale du Bénin.

           Dès l’entame de cette retraite, vos mots introductifs nous ont disposés au silence et à la méditation. Nous avons compris que pour répondre à l’invitation de Jésus à faire partir de sa compagnie après des vacances mouvementées par des stages pastoraux et bien d’autres activités, il nous fallait faire silence.  Il nous fallait nous décider à aller à l’écart et habiter le silence ; lequel reste un vase sacré contenant les réponses à nos différentes inquiétudes puisque Dieu est parole dans le silence de nos cœurs et de nos vies. C’est là l’ultime et insignifiant sacrifice auquel nous devrions consentir pour sortir ressusciter et transfigurer après trois jours d’intimité profonde avec le Seigneur.

          Sur fond de cette invite cruciale et assez évocatrice à faire silence et à l’habiter pendant ces trois jours, vous nous avez d’abord conduit à la compréhension profonde de ce qu’est la communion. Et qu’est-ce donc véritablement la communion ? C’est avec la première épitre de Saint Jean qui le mieux nous l’exprime : « Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a promis et nous y avons cru. Qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (1Jn 4, 16). Cette affirmation de foi vous a permis de nous faire comprendre que la communion se situe à trois niveaux différents, qui constituent les clés infaillibles pour vivre la solidarité. Le premier niveau se veut la communion dans Dieu, c’est-à-dire la communion entre les trois personnes de la Sainte Trinité. Le deuxième niveau de compréhension de l’amour est la communion de Dieu et la communion au Dieu. Une communion qui s’entend comme ‘’Dieu se donne à nous et invite à entrer dans sa communion’’. Le troisième niveau de compréhension de la communion est celle interhumaine, qui n’est rien d’autre que la conséquence de ce que nous devons vivre entre nous après avoir contemplé la parfaite communion. Il s’agit d’une reproduction de la communion trinitaire, mais non d’une communion de cause à effet, mais d’une communion d’identité. Vous nous avez aussi amené à faire une immersion dans les Saintes Ecritures et pour réussir à comprendre que c’est Dieu qui est toujours à l’initiative de la communion. Il renouvelle chaque fois avec l’homme son alliance, chaque fois que celui-ci s’éloigne de Lui. Avec Saint Ignace d’Antioche, nous avons perçu également avec acuité que nous sommes des compagnons de voyage appelés à être des sujets actifs et spéciaux du bien commun. Et c’est dans ce sens que la vie synodale se présente à nous comme le témoignage d’une Eglise libre. Il s’agit d’une Eglise libre dont la synodalité se réalise dans la diversité des dons et des richesses que le Seigneur donne à chacun. Nous sommes donc appelés à être des membres actifs de la compagnie de Jésus, des séminaristes heureux de vivre dans l’esprit de la synodalité avec le témoignage d’une solidarité, image parfaite d’un édifice spirituel.

          Conséquemment à l’idée de communion dans la marche synodale, nous avons admirablement compris que la communion nous lance un appel qui attend une réponse. Il s’agit en effet d’une réponse qui invite tous les chrétiens et nous davantage, à une participation active à la vie de l’Eglise, à une coresponsabilité qui veut que chacun travaille à sa manière à faire vivre le corps du Christ. Cette participation à la vie de l’Eglise se réalise à deux niveaux. Le premier niveau de cette participation se réalise dans l’Eglise locale, une Eglise locale unit au Christ et unit à l’Eglise universelle. Et le point focal de cette participation en Eglise locale se trouve dans la liturgie. Et la Sainte liturgie (la messe) par excellence, est la source d’où découlent toutes les autres œuvres de l’Eglise entière. Le second niveau de réalisation de cette participation est la subsidiarité. Une subsidiarité qui veut que chacun apporte sa pierre de construction à la vie de l’Eglise, en fonction de son rôle et de sa place. C’est là un principe sacré qui ouvre à la reconnaissance de la liberté et de la dignité de chacun. Il s’agit d’une subsidiarité qui donne à chacun sa place dans l’Eglise ; selon ses capacités. Nous, nous pouvons dans ce sens contribuer à la vie du séminaire en donnant ce que nous avons. Et dans ce sens, rien de ce qui se fait ici à Djimé ne devra être déconnecté de Rome. La participation se fonde sur le fait que les uns et les autres sont appelés à faire vivre leurs différents charismes pour le bien de l’Eglise. Et notre Eglise domestique du séminaire doit vivre la participation dans un esprit de collégialité qui exclut toute extériorité et toute séparation. Nous marchons tous dans la même direction, chacun à sa place et avec son importance pour le bien de tous. Et qui sommes-nous pour oublier cette invite essentielle : « Qu’une partie de responsabilité à vous confier ne vous arroge pas la responsabilité de vos formateurs. »

          Implication directe de la communion et de la participation, nous avons compris cher Père, que la Mission est la réception de la communion d’amour régnant entre les personnes de la Trinité. Cela s’entend dans le sens où, ayant été bénéficiaire de l’amour régnant en Dieu, nous devons le communiquer aux autres. La mission dans ce sens devient participation à l’amour. La mission est alors la réception de l’amour de Dieu et la communication de cet amour. Et, c’est là la tâche primordiale de toute l’Eglise, une Eglise en sortie qui a besoin de certaines vertus comme le courage et le discernement qui devront aider à combattre le syncrétisme qui gangrène l’Eglise locale du Bénin. Pour mieux nous aider à nous rendre compte des grâces que le Seigneur nous fait en temps que son peuple, vous nous avez conduit aux racines de notre évangélisation. Nous y avons découvert des figures de pasteurs au cœur d’or, au courage exceptionnel qui ont accepté dire l’amour de Dieu à tous les hommes n’excluant jamais le martyr de leur vie. Nous avons alors compris que nous sommes bénéficiaires de la souffrance de tant d’hommes et de femmes. Ces hommes et ces femmes étaient persévérants. C’est par la suite avec un pincement au cœur que nous avons compris que nous, les acteurs de la mission aujourd’hui, sommes plus préoccupés de nous-mêmes que des autres et de leur salut. Nous avons notre agenda. Nous sommes fragiles mentalement et physiquement. Or, les peuples vers qui nous sommes envoyés aujourd’hui sont tous préoccupés par l’évangélisation. Mais hélas, notre inaptitude à aller dans les profondeurs de nos cultures reste un souci majeur de leur affadissement. Et dans ce sens, les pasteurs de demain que nous sommes, avons des défis majeurs à relever comme le défi de la gestion des biens, le défi de la tempérance. Nous avons besoin d’être des hommes de courage qui savent dialoguer et écouter. Des hommes qui savent discerner les signes des temps et des hommes animés constamment par la joie. Une joie pure, la joie du serviteur fidèle qui se réjouit de travailler pour son maître. La tristesse ne doit pas nous gagner de peur que le diable n’insuffle dans nos cœurs des désirs superflus.

          Cher Père Désiré, voilà ainsi présenter, l’essentiel du chemin que nous avons fait en trois jours. Vos mots, tels des sons de cloche ont résonné assez fort dans nos cœurs et leur retentissement, nous sommes certains, seront porteurs de nobles fruits. Et comme le disait Antoine de Chuquet, « Plusieurs personnes entrent et sortent de nos vies, seuls les vrais amis laissent une emprunte sur nos cœurs ». Plus qu’un ami, vous êtes notre frère, notre Père. Rassurez, vous serez content de nous dans le champ de la mission. Recevez l’ordinaire, mais combien significatif mot de reconnaissance : MERCI. Merci infiniment. Nos humbles prières vous accompagnent. Amen !

                                    Vos fils, les séminaristes de Djimé.

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