Éthique et politique à l’ère de la mondialisation : Approches philosophiques sur les rapports entre l’éthique et la politique dans le monde contemporain. 

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Ainsi s’énonce la thématique de la troisième communication qui s’est donnée pour principale objectif de peindre le tableau de la relation qu’entretiennent politique et éthique à l’ère de la mondialisation. Le professeur Eustache ADANHOUNME aura permis l’acheminement vers un tel objectif en deux principales étapes. Tout d’abord, il a été question de considérations générales sur les concepts d’éthique et de politique. Ainsi en partant de l’étymologie des deux concepts, l’éthique (ethos : coutume, mœurs) d’une part a été entrevue dans la perspective aristotélicienne non comme naturellement acquis ou inhérente à la nature humaine mais comme fruit de l’exercice et de l’habitude (technè) ; d’autre part la politique issue de policy ou de politics peut être définie soit comme un programme d’action voire l’action même d’un gouvernement ou encore comme la conquête et la conservation du pouvoir. Ces deux concepts mis en relation, laissent voire deux types de relations entre la politique et l’éthique. D’abord celle classique qui distingue certes la politique de l’éthique mais pense que l’éthique comme norme d’action individuelle et communautaire doit servir à la politique. Puis, la deuxième conception plus radicale, qui se base sur une césure dissidente opérée à la Renaissance par Machiavel pour affirmer que la politique secrèterait sa propre éthique. Mais alors comment la Modernité assume-t-elle le lien entre politique et éthique aujourd’hui ?

C’est ce que le professeur présente dans la deuxième étape de son argumentation. De fait pour lui, la perspective actuelle est celle héritée de la Renaissance qui fait de la politique une science autonome élaborant et se donnant à elle-même son éthique. La justice restera cependant la marque particulière de l’époque contemporaine. Le principe de justice en politique vise principalement une égalité mondiale des chances. John Rawls en donne à cet effet un exposé et une théorie dignes d’intérêt. Ici également, l’on peut distinguer deux approches. Il s’agit de la perspective communautarienne selon laquelle les membres de la communauté ont des devoirs les uns envers les autres, où les étrangers sont exclus et la justice dite globale. Nous avons dans le nationalisme caractérisant les Etats-nations en déliquescence et dans les Etats périphériques en proie aux velléités de fermeture des illustrations probantes.

Pour contrer une telle dérive de plus en plus généralisée, le conférencier a souhaité que l’on mette l’accent sur la formation des esprits car la responsabilité politique ne se décrète pas mais s’impose par la maturité et la responsabilité intellectuelles. C’est la responsabilité de l’Eglise de se faire la voix de la vérité dans un siècle hautement scientiste.

Sur l’auteur

Eustache Roger Koffi ADANHOUNME est Maitre de Conférence au CAMES, spécialiste en philosophie politique et éthique depuis 2015. Il a été le chef adjoint du Département de Philosophie à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) de 2016-2018. Ses recherches post-doctorales portent sur les questions des imaginaires politiques, des rapports entre les inventions démocratiques et la révélation évangélique notamment les questions de sécularisation du judéo-christianisme mais aussi sur les parturitions démocratiques en cours en Afrique. Il est l’auteur de plusieurs publications dont L’Utopie des inventions démocratiques (2006) et La société civile telle pensée par la philosophie. Revisitation des paradigmes théoriques d’Aristote à Marx et postérité (2015).

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