LE SECOND SEMESTRE S’OUVRE AU GRAND SEMINAIRE SAINT PAUL DE DJIME PAR UNE JOURNEE PHILOSOPHIQUE

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     Le Grand Séminaire Philosophat St Paul de Djimè s’est réuni ce lundi 14 février 2022 pour lancer officiellement les activités académiques du second semestre par une journée philosophique placée sous le thème : « Tradition et exigence d’ouverture : une réflexion à partir de Jean PLIYA ». Après la prière d’ouverture dirigée par le Père Recteur et le mot d’accueil de la Direction des Etudes, la communauté des étudiants-séminaristes et de ses formateurs  a accordé toute son attention au Professeur Désiré MEDEGNON, conférencier du jour, pour recueillir de ses lèvres, les fruits de ses recherches approfondies sur le thème de la journée.

      Selon le professeur MEDEGNON, parler de Pliya pendant une journée philosophique peut paraître comme une distraction, une violation de la tradition. Plusieurs raisons expliquent néanmoins le bien-fondé de ce thème. En effet, c’est au milieu d’une multitude de traditions que se meut notre existence. Il se pose alors la question de savoir : quel rapport devons-nous entretenir avec les traditions ? Telle est justement la question fondamentale qui traverse toute l’Œuvre de Pliya ; et pour mieux la cerner, il faut prendre ses distances par rapport à cette lecture réductrice de Pliya qui nous fait souvent distinguer voire opposer deux types de Pliya : Un Pliya traditionaliste et un Pliya moderniste. Pour le professeur  Medegnon, l’erreur de cette distinction superficielle s’explique par la dichotomie établie entre Tradition et Modernité. Pour d’aucuns, le repère d’opposition entre tradition et modernité est le temps : la tradition, c’est ce qui est dépassé et la modernité ce qui actuel, nouveau. D’autres perçoivent la dichotomie entre Tradition et Modernité selon le repère d’espace : la tradition appartient localement ou géographiquement à l’Afrique, tandis que et la modernité vient d’ailleurs, de l’Occident. Pliya ne conçoit pas cette rupture entre tradition et modernité ; lui qui pense le développement comme une modernisation ancrée dans la tradition. Dès lors que les hommes vivent dans une société partagée entre plusieurs traditions, il urge pour eux de prendre acte de la diversité des traditions et de la nécessité de les ouvrir les unes aux autres dans un dialogue, une confrontation audacieuse.  Pour ce faire, il faut au préalable considérer la modernité elle-même comme une tradition, puisque les traditions par définition ne sont pas des situations figées, mais des systèmes dynamiques en attente d’être recomposés. C’est donc un dialogue à la fois inter et intra générationnel, inter et intra civilisationnel qu’il faut engager entre les traditions pour en garantir la durabilité, l’efficacité et le respect de l’humain. Dans l’œuvre de Pliya, notamment à travers la figure de Lanta dans l’Arbre fétiche, de la tante Goussi dans le Gardien de nuit, de Trabi dans Les tresseurs de corde, on pourrait penser que Pliya revalorise la tradition au détriment de la modernité. Mais tel n’est pas le cas. Il prône au contraire un dialogue entre les traditions. Le dernier axe de l’exposé du professeur met l’accent sur l’ouverture des traditions comme une voie de découverte de soi. En s’ouvrant à l’autre on se donne le moyen de se découvrir soi-même. L’ouverture à l’autre ne conduit pas toujours à une dépossession de soi. Une tradition ne peut vivre qu’en s’ouvrant aux autres. Notre humanité est condamnée à vivre au milieu d’une pluralité de traditions. L’enfermement dans une tradition est contre-productif et suicidaire.

    Au terme de la conférence-débat, soit à 11h 05 minutes environs, une pause de 5min permis aux participants de se refaire afin de poursuivre la journée par les travaux en carrefour effectués par promotion. Les travaux ont porté sur trois questions fondamentales:

  • Quelles sont les limites que vous trouvez au système traditionnel de formation au sacerdoce dans nos séminaires au Bénin ? Et quelles suggestions faites-vous, relativement aux formateurs, aux sujets en formation, aux règles internes régissant la formation et suivant les différents domaines de la formation, pour plus d’ouverture adaptée aux réalités et défis de notre temps ?
  • Quelques propositions pour améliorer la formation intellectuelle ici au Grand Séminaire de Philosophie, en ce qui concerne : le mode de dispensation des cours, les évaluations, les reprises d’examen, les documentaires, et autres…
  • Suggestions pour confronter les critères de la science occidentale avec ceux des savoirs endogènes.

     A l’heure de la remontée, les réflexions et suggestions de chaque promotion furent présentées à toute la communauté puis étoffées par les apports des pères formateurs. Après quoi, un prix d’Excellence fut décerné aux trois meilleurs étudiants-séminaristes (suivant l’ordre de mérite) de chaque classe pour le compte du premier semestre.  Cette initiative, au dire du Père Éric Arnaud ANAGONOU, Directeur des Etudes Adjoint, vise à encourager l’effort intellectuel de chacun et à redonner à tous le goût et l’élan de l’émulation intellectuelle.  La Journée philosophique connut son épilogue à 12h55’ avec la prière conclusive dirigée par le père Recteur.

   Le père Eric AGUENOUNON, Directeur des Etudes Adjoint, prononçant le mot d’ouverture de la journée.
Phase-débat: Intervention et apport du père Blaise                                     AKPOLI

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