Il ne subsiste point de société sans philosophe. Le philosophe est incontestablement pour sa société ce que la sève représente pour l’arbre : elle est sa vie et sa subsistance.
C’est dans une adhésion expressive à cette vérité de l’utilité toujours plus croissante de la philosophie au sein d’une société contemporaine en plein essor multidimensionnel que l’UNESCO institua en 2005 une journée internationale de la Philosophie. Choisie pour se tenir le troisième jeudi du mois de novembre de chaque année, cette journée s’inscrit d’une part dans une logique de reconnaissance à l’échelle mondiale de la valeur inestimable de la philosophie et d’autre part dans le but d’une impulsion forte en faveur de son enseignement et de sa pratique dans le quotidien civique.
En sa qualité de Philosophat et partant, de laboratoire d’analyse de la pensée profane et religieuse, le Grand Séminaire Saint-Paul de Djimè ne voulut pas se faire conter l’événement. S’appropriant l’idée et l’idéal de cette célébration de la pensée, il se joignit à l’élan de la communauté internationale à travers une conférence-débat tenue dans l’après-midi du Jeudi 15 novembre 2018. Organisée par la Direction des Etudes avec à sa tête le Révérend Père Justin AGOSSOUKPÊVI, ladite conférence porta sur l’une des questions socio-culturelles les plus actuelles en Afrique dont voici la formulation thématique : INTERCULTURALITE ET AUTHENTICITE DU SUJET AFRICAIN DANS LA CULTURE CHRETIENNE. L’enjeu des thématiques nécessitant un choix conséquent du conférencier, ce fut au Docteur Antoine-Marie Guy d’OLIVEIRA d’entretenir la communauté du Séminaire sur la problématique en étude. Prêtre de l’archidiocèse de Cotonou et spécialiste des questions d’identité et d’interculturalité suivant la conception taylorienne, le Docteur Antoine-Marie Guy d’OLIVEIRA a resitué l’urgence d’une philosophie de l’interculturalité susceptible d’innerver tout projet d’inculturation en Afrique. A l’instar de tout sujet moral, le sujet africain constitue en effet, une identité personnelle et un horizon de sens qui s’achève dans une identité collective. Ainsi est-il intrinsèquement un être au monde et toujours en contexte d’interculturalité essentielle et nécessaire. De toute interculturalité naît un langage de contraste fruit de la fusion des pôles culturels en question. Ce langage de contraste quoique transcendant la vérité de chaque culture, la modifie quelque peu. Dans le cas d’espèce, il en ressort donc l’importance d’une authenticité du sujet africain dans une culture chrétienne. Le conférencier tint ainsi à rappeler qu’« avant d’entrer en rapport avec l’autre qui est une sorte de composante il faut d’abord qu’on ait une personnalité déjà constituée afin de ne point se perdre soi-même ».
Dans sa section débat, cette conférence a été à travers les enrichissantes interventions des autres enseignants-formateurs et séminaristes du Philosophat, le lieu d’une redéfinition des étapes préalables à toute inculturation. Il a été retenu la nécessité d’une connaissance de la rationalité de la culture en vue de son évangélisation. Pour notre Afrique en général, il faut une audace de la percée méthodologique dans la lutte contre l’absence de pensée qui comme le dit Fabien Eboussi Boulaga, est « la racine du mal africain ».
A la fin de la conférence, le Père d’OLIVEIRA entouré de toute la communauté du Séminaire a procédé à la bénédiction de deux parloirs réfectionnés à la faveur des diverses rencontres entre séminaristes afin d’être un espace d’échanges et d’interculturalité. En substance, c’est ainsi que le Grand Séminaire Saint-Paul de Djimè entendit donner en son sein une teinte particulière à la 13e édition de la Journée mondiale de la Philosophie.
Par Canisius Séjuste AKLE