CONFERENCE DE CLOTURE : Professeur Emmanuel FALQUE « DIEU HORS PHENOMENE : POUR UNE PHENOMENOLOGIE DU SAMEDI SAINT ».

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« DIEU HORS PHENOMENE : POUR UNE PHENOMENOLOGIE DU SAMEDI SAINT ».

Présentation de la conférence

Emmanuel Falque est un philosophe français, professeur, Directeur de recherche et Doyen de la Faculté de philosophie de l’Institut Catholique de Paris. Il est phénoménologue et a aussi comme domaine de recherche : la philosophie médiévale et la philosophie de la religion. Il est l’auteur de nombreux ouvrages tels que : Le combat amoureux (2014), Le livre de l’expérience (2017), Triduum philosophique (2015) et Hors phénomène (2021).

Dans le Triduum philosophique, l’auteur procède à une lecture philosophique des trois jours de la passion. Il analyse ainsi le vendredi saint, le tragique de la souffrance (Passeur de Gethsémani) ; le dimanche de Pâques, l’épreuve de la renaissance (métamorphose de la finitude) ; et le Jeudi Saint, la vie du corps pour la subsistance (Noces de l’Agneau).

Pour lui, nul ne va à Dieu s’il ne passe par l’homme (ce phénomène limité). L’essentiel pour est donc de faire voir l’homme. En 2021 il publie : Hors phénomène : Essai aux confins de la phénoménalité. Dans ce livre, l’auteur pense ainsi l’impensable.

Dans le Triduum philosophique, Falque aborde le jeudi saint, le vendredi saint et le dimanche jour de Pâques. Qu’en est-il alors du silence du samedi saint où d’une certaine façon, se prolonge, au matin, la nuit du Gethsémani ? Comment réhumaniser l’homme qui doit être confronté à un moment de son existence aux ‘‘Hors phénomènes’’ tels que la maladie, la séparation, la mort d’un enfant, les catastrophes naturelles, la pandémie[1].

« Le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du verbe incarné »[2] comme le soulignait Gaudium et spes. Ainsi avec le professeur Falque, nous avons réfléchi sur le thème : DIEU HORS PHENOMENE : POUR UNE PHENOMENOLOGIE DU SAMEDI SAINT ».

Synthèse de la conférence

« Aujourd’hui, grand silence sur la terre, grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille.»[3]

Dès l’entame, le professeur a précisé qu’il était possible de parler du Samedi Saint qu’on soit croyant ou non. Il annonçait aussi que le « Hors phénomène », était le rappel d’une certaine solitude : l’impartageable. C’est ce que nous sommes, ce qui revient à assumer, à aimer l’impartageable pour aimer l’autre. La communion est ainsi, communion de l’impartageable. Le samedi saint rappelle cette solitude originelle.

En premier point : Samedi saint et Hors phénomène, le professeur a présenté le lien entre le samedi saint et le Hors phénomène. Nous avons compris que c’est l’humain que Dieu vient rejoindre. Lorsqu’on fait l’expérience du hors phénomène on se retrouve ‘‘hors-je’’ et ‘‘hors-jeu’’. C’est ce moment où on se retrouve bloqué sur soi. Ce n’est évidemment pas la faute à quelqu’un. Ce n’est pas la faute au péché. Le samedi saint apparait comme le signe que Dieu vient nous rejoindre dans nous ‘‘Troumatismes’’. Le samedi saint ce temps mort, ce jour du milieu est hors temps, hors sujet, hors phénomène. Il n’est pas infra-phénoménal ( cette propédeutique au phénomène). Ce n’est pas le supra-phénoménal non plus. C’est ce moment où j’entre dans l’impensable.

En deuxième point à partir d’une analyse terminologique, le professeur a abordé la question relative aux enfers. Le Christ descend ainsi dans le lieu de l’en-bas, le monde du dessous. En réalité le Christ vient vers l’inférieur. Il est là au cœur de notre traumatisme, il vient nous rejoindre. Ainsi au jour du samedi saint, Dieu vient nous rejoindre dans notre trauma. Les écritures saintes nous enseignent d’ailleurs que : l’esprit du Christ uni à sa personne divine descend dans l’Hadès pour prêcher la bonne nouvelle aux esprits en prison[4]. Cette prison est le lieu de la finitude.

En troisième point, le professeur a abordé une kénose de finitude. Nous nous sommes demandés : que vient chercher le Christ si ce n’est pas le péché ? Nous avons compris que le samedi saint, ce jour du milieu, n’est pas le jour du jugement.

En quatrième point, il était question du silence et de l’oubli. Le professeur nous a ainsi montré que le samedi saint ne nous sauve pas de la mort mais nous sort de l’oubli. Le samedi saint nous délivre de l’oubli de soi. Cet oubli qu’en réalité nous redoutons fortement.

Le professeur a ensuite présenté en cinquième point l’Ab-sens et la mort de Dieu. Le traumatisme est ainsi signe de l’Ab-sens. Le traumatisme est donc porté jusqu’au jour de la métamorphose, jusqu’au jour de la résurrection.

Samedi saint : exaucement de la prière du crucifié qui supplie en se tournant vers Jésus : « Souviens-toi de moi ». Ainsi au samedi saint, Dieu vient nous rejoindre dans nos traumatismes, jusque dans l’invivable. L’humain qui à un moment de sa vie doit connaître le traumatisme, sait dès cet instant à partir du samedi saint qu’il n’est pas seul.

Le secrétariat du colloque

[1] Cf E. FALQUE, Hors phénomène : Essai aux confins de la phénoménalité, Hermann, Paris 2021, p.7

[2] CONCILE VATICAN II, Constitution pastorale Gaudium et spes (7 décembre 1965), n.23.

[3] Cf.  pseudo EPIPHANE, Homélie ancienne pour le grand et saint samedi

[4] Cf. 1 Pierre 3,19

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