Homélie du 2ème Dimanche Ordinaire B

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Homélie du 2ème Dimanche Ordinaire B,  14 janvier 2024

Lecture du premier livre de Samuel (1 Samuel 3, 3b-10.19)

Psaume (39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd)

Première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (1 Corinthiens 6, 13c-15a. 17-20)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jean 1, 35-42)

 

« Parle Seigneur, ton serviteur écoute » (1 S 3, 18)

Chers Pères formateurs,

Chères religieuses,

Chers « amis du séminaires »,

Chers séminaristes,

Bonjour,

Contrairement à mes habitudes, je vais m’appesantir sur la première lecture de ce jour tout en évoquant des aspects de l’évangile et de la deuxième lecture. Je fais ce choix, non par simple vouloir mais parce que chacun de nous, pouvons nous mirer, en tant qu’appelé à une vocation particulière, dans cet illustre passage de la vocation de Samuel.

Je voudrais donc m’y prendre à travers trois points pour nourrir notre méditation

La communion avec le Seigneur

La médiation et le discernement

La mise en œuvre de la réponse à la vocation

 

1. La communion avec le Seigneur

Dès le début de la première lecture un minuscule détail mais tout de même frappant se laisse voir : « Le jeune Samuel était couché dans le temple à Silo, où se trouvait l’arche de Dieu » (1 Samuel 3,3b). Il y a dans le temple la présence de l’Arche et Samuel est couché non loin de cet Arche. Sans même entrer pleinement dans l’intelligence de ce que représente l’Arche, Samuel se retrouve proche de cet Arche qui symbolise la présence de Dieu. D’une certaine manière, nous voyons réunies deux entités basiques de la communication directe : deux éléments proches l’un de l’autre.  La proximité ici est un aspect important. Elle est à la fois physique et surtout intérieure. On pourrait même dire qu’être proche de l’Arche, c’est d’abord être intérieurement proche de Dieu.

Au-delà de l’aspect physique de la proximité de l’Arche du Seigneur et de Samuel, tout homme est proche de Dieu et peut, du seul fait qu’il est homme, entrer en communion avec Dieu puisque chacun a en lui un lieu de communion permanente avec Lui. Nous pouvons reprendre ici Gaudium et Spes au numéro 16 : « Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur : « Fais ceci, évite cela ». Car c’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme ; sa dignité est de lui obéir, et c’est elle qui le jugera. »

Le premier mouvement de toute vocation, c’est donc la communion avec le Seigneur, une rencontre intérieure de Dieu avec l’appelé. Même si l’appelé ne le perçoit pas toujours clairement, c’est la communion avec le Seigneur qui permet d’entendre son appel.

D’ailleurs, pour nous qui sommes dans cette maison de formation, c’est notre communion avec le seigneur qui a rendu possible notre vocation. Il fut un moment où nous avons senti fortement l’appel du Seigneur et nous nous sommes mis en route pour voir un homme de foi (un catéchiste, un prêtre, une religieuse etc.), tout comme l’a fait Samuel en se rapprochant du prophète Eli. Mais il nous faudra toujours continuer à ressentir les appels que le Seigneur nous adresse au quotidien. Cela nécessite de notre part une vigilance pour ne pas obstruer le canal de communication entre Dieu et nous à travers notre refus de pardon, notre vengeance, notre calomnie et notre médisance, toutes choses qui obscurcissent notre conscience. Il y a donc en chacun de nous, une disposition intérieure qui nous permet d’entendre les appels du Seigneur. A nous de la maintenir. De ce fait, nous pourrons entendre facilement l’appel du Seigneur, et comme Samuel, nous diriger chez Eli. C’est ici le deuxième point que je voudrais aborder : la médiation.

2. La médiation et le discernement

Samuel a entendu appeler son nom et il s’est rendu auprès d’Eli le prophète. Il faut dire que la démarche de Samuel s’inscrit dans une relation de confiance qui l’unit à son maître Eli. Il faut noter aussi que le prophète Eli n’est pas le plus illustre des hommes de Dieu : on se souvient qu’il a rudoyé Anne, la mère de Samuel ; on se souvient aussi qu’il s’est montré faible avec ses fils prévaricateurs. Il est auteur de bien d’autres manquements. Et pourtant, c’est ce vieil homme qui a éveillé Samuel à sa vocation de prophète. Dieu l’a choisi pour guider Samuel.

On peut le remarquer : seul, Samuel était incapable de savoir que le Seigneur l’appelait. De la même manière, Eli, en qui Samuel a mis toute sa confiance est un prophète qui a montré toutes ses limites, mais qui néanmoins a été l’instrument dont Dieu s’est servi pour réaliser son plan.

Pour nous qui sommes en formation, la persévérance de Samuel qui s’est rendu par trois fois chez Eli, doit nous être un signe. Il nous faudra tenir à l’appel que nous avons entendu quelles que soient les oppositions apparentes.

Un catéchiste, un ami, une religieuse, un prêtre nous a peut-être dit un jour, « tu as déjà les aptitudes d’un prêtre ». Il a d’une certaine manière éveillé en nous la vocation et a été par la même occasion un instrument dont Dieu s’est servi. Comme pour le prophète Eli, il peut arriver que ceux qui sont chargés de faire le discernement nous demandent, comme à Samuel, de « retourner nous coucher ». Cela signifie qu’ils n’ont pas encore tous les éléments nécessaires pour le discernement ou encore que les candidats ne se sont pas assez fait connaître. Le « retourne te coucher » est constitutif du mystère de la vocation. Il peut également signifier par exemple la reprise du stage canonique, ou l’arrêt momentané à une étape vers le presbytérat.  Il peut également signifier une réorientation.

Une chose est indispensable, il faut toujours faire confiance à Dieu, car quelle que soit la qualité de l’instrument ou des instruments chargés de discerner, Dieu réalise toujours son plan sur chacun. La fragilité de l’instrument peut être remarquable, mais Dieu accomplit toujours sa volonté.  Cela passe par la prise de conscience dans la réponse à donner à l’appel.

3. La mise en œuvre de la réponse à la vocation

Le discernement est un long processus qui va de la prise de conscience de sa vocation jusqu’à l’authentification de cet appel par l’Eglise à travers l’évêque. Dès la prise de conscience de sa vocation, le candidat se doit d’intégrer les vertus de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. C’est déjà en étant séminariste qu’on apprend à vivre ces vertus. Il sera très difficile d’en vivre comme prêtre si en tant que séminariste on ne les a pas pratiquées.

Répondre à l’appel du Seigneur, c’est changer de regard sur soi-même en reconnaissant réellement qui nous sommes, des chrétiens, des séminaristes, des prêtres, des religieuses. Saint Paul, dans la Deuxième Lecture, invite d’ailleurs les Corinthiens à changer de regard sur leur propre corps : « Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint. » « Le corps est pour le Seigneur et le Seigneur est pour le corps » (1Corinthiens 6, 19-20). Nous sommes appelés à respecter notre corps et celui des autres.

Répondre à l’appel du Seigneur, c’est aussi changer son regard sur l’autre à l’instar du prophète Eli vis-à-vis de Samuel. Samuel ne sera plus l’enfant-serviteur qui se tenait devant lui, c’est désormais celui qui est appelé par Dieu, celui qui doit lui succéder, à la place de ses propres fils. Répondre à l’appel de Dieu, c’est enfin changer son regard sur le Christ. Les premiers disciples ont fait ce chemin, guidés par la vision de Jean Baptiste. Sans rien connaître de Jésus, un homme qui allait et venait sur le chemin, ils se sont mis à le suivre. Ils ont reconnu en lui le Messie, le Christ. Pas de parole dans cette vocation, simplement un regard : « Venez et vous verrez. » (Jean 1, 39)

Chers frères et sœurs, laissons-nous  regarder par le Seigneur, lui qui appelle chacun à une vocation particulière.

Père Rodrigue GBAGUIDI

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