Homélie du Père Albert OGOUGBE pour le Dimanche 20 octobre 2019, 29ème dimanche du temps ordinaire de l’année C

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« Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi demain je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main », dit Moïse à Josué.

« Depuis ton plus jeune âge, tu connais les textes sacrés. Ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi en Jésus-Christ. »

« Et Dieu ne ferait-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jours et nuit ? Les fait-il attendre ? »

« Mais le Fils de l’homme, quand il reviendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »

Le Philosophat de Djimè, lieu de notre exode personnalisé, de notre marche accompagnée vers la terre promise du sacerdoce vitalisant et sauveur de Jésus-Christ, et ce, à travers l’apprentissage harmonieux de la foi et de la raison, de la foi et de la prière, de la foi et de l’action, de la prière persévérante, et du combat, à la suite du peuple d’Israël et de Jésus- Christ lui-même.

Chers pères formateurs, Père Dorothée, notre ainé, Père Roland, Père Pierre Guy.  Merci pour votre concélébration présente. Révérendes Sœurs, chers séminaristes, bien-aimés du Seigneur et chers amis de ce Grand Séminaire de Djimè.

Après deux semaines de cours pluridisciplinaires pour nos grands séminaristes, lesquels cours ont consommé, une fois de bon, la nostalgie ou la fin des vacances et le retour au combat spirituel, intellectuel, moral, humain, sanitaire, sans oublier, bien sûr, le combat agropastoral, en vue d’une année académique réussie en Jésus-Christ, après ces deux semaines donc de cours, concédez-moi la faveur de vous dire bonjour, en vous souhaitant un bon dimanche et surtout, une excellente année académique 2019-2020. Cependant, ne nous saupoudrons pas ou ne nous gonflons pas de vœux stériles : la réussite, ou mieux, l’excellence de cette année académique qui vient de commencer sera inévitablement ce que nous en aurons fait. Et fondamentalement, et ce, nous rappelant les poignantes recommandations de Saint Augustin : « celui qui t’a fait sans toi, ne te sauvera pas sans toi » ; ou encore, dit le même Saint Augustin : « il faut toujours prier comme si l’action était inutile et agir comme si la prière était insuffisante ». En d’autres termes, toute prière authentique doit être aussi une action, un engagement combatif, une passion-mission, jamais, une quelconque démission, ou pire, une résignation, incurablement bavarde et lamentante.

Le peuple d’Israël, dans la première lecture de ce dimanche, nous l’enseigne et nous le rappelle vivement sous la houlette de Moïse et de Josué. Moïse et Josué, ces ardents de Dieu, ces missionnaires de l’amour sauveur du Dieu unique d’’Israël ont compris, très tôt, que l’adoration fidèle du Dieu unique passe, aussi, inévitablement par une lutte féroce contre les attaques ou les adversités multiformes venant des ennemis que sont les Amalécites. A travers le livre de l’exode de ce dimanche, le peuple d’Israël nous apprend aussi que toute vie humaine est une marche ininterrompue à travers le désert où les difficultés, les épreuves de lassitude, de découragement ou de mort ponctuent souvent la marche. Oui ! Ne pas progresser dans la marche, vouloir s’interdire de marcher, c’est être le fossoyeur pitoyable de sa propre vie. Il nous faut nous en convaincre sérieusement, une fois de bon, aidés par une vie quotidienne et authentique de prière engagée, d’intimité avec le Seigneur, soutenus par la méditation continue de la Parole de Dieu, la visite régulière du Saint Sacrement, les lumières vitalisantes des conseils prudents de nos pères spirituels et celles de la bonne philosophie pratiquée avec ardeur et bonheur. Oui, la lutte de ce peuple batailleur d’Israël en guerre récurrente avec les Amalécites assaillants, violents et belliqueux illustre celle de chacune de nos vies de combat ; et les nombreux défis quotidiens qui vont parfois rythmer notre année académique. Luttes dont il faut prioritairement nous aguerrir en Dieu et en Lui seul pour des combats et des victoires à la mesure de notre foi, de nos prières et de nos actions appropriées. Combat et victoire à ne point séparer, l’un conditionnant l’autre. Et dans cette vie de croyants, de grands séminaristes, en particulier, les Amalécites contemporains sont légions, véritables preneurs et surtout preneuses en otage de notre vocation et de notre formation. Les Amalécites contemporains ont pour noms : les fréquentations ou liaisons douteuses et dangereuses pour la vitalité de notre appel au sacerdoce, l’allergie à la ponctualité, tant à la chapelle qu’au cours, au réfectoire, au travail manuel, ou encore l’allergie au silence priant et habité. Les Amalécites contemporains peuvent aussi revêtir en nous la banalisation du règlement du Séminaire sous prétexte que notre liberté ne doit aucunement être régulée par qui que ce soit ou par quoi que ce soit. Il y a aussi des sorties téléphoniquement régulières du Séminaire à des heures indues que rendent possibles nos portables qui nous transforment peu à peu en continuels fuyards ou transitaires de la maison, alors que, physiquement, nous semblons être là. Dans cette condition de fuite continue, érigée en pratique quotidienne, c’est-à-dire, de fuite sans fin de nous-même, par nous-même, comment réussir à entrer en nous-même pour rencontrer Celui qui est plus intime à nous que nous-même, c’est-à-dire, le Seigneur ? Car, clame saint Augustin, dans Les Confessions : « Je vous ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je vous ai aimée, c’est que vous étiez au-dedans de moi, et moi, j’étais en dehors de moi. Vous étiez avec moi, et je n’étais pas avec vous. » Dans le livre de l’Exode de ce dimanche, Josué fit ce que Moïse lui a ordonné livrant bataille aux Amalécites pendant qu’Aaron, Hour et Moïse lui-même étaient montés au sommet des collines pour prier, et particulièrement, Moïse avait dans la main le bâton de Dieu. Une telle solidarité priante, combative et commune est une interpellation pour notre communauté de baptisés et d’envoyés pour témoigner, aujourd’hui, du Dieu vivant. Tous embarqués dans l’entraide, l’émulation réciproque, la persévérance, le travail bien fait et libérateur, la prière dans la foi et la foi dans la prière doivent demeurer notre rempart quotidien pour une interconnexion fraternelle véritable, faite d’écoute, d’ouverture de labeur assidues, d’accueil de l’autre, et qui sont autant de clés de réussite de l’année académique, et ce, contre les assauts répétés du diable, qui comme un lion, va à la recherche de sa proie ; diable contre qui, il nous faut résister avec la force de la foi et la prière persévérante, tel que l’Apôtre Pierre nous le recommande avec ardeur dans ses épîtres. Cependant, nos prières qui se traduisent par des actes illustratifs et cohérents doivent être alimentée de façon renouvelée par la Parole de Dieu, tel que l’Apôtre Paul le rappelle à son fils bien-aimé Timothée, en deuxième lecture : « Depuis ton jeune âge, tu connais les textes sacrés qui ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi en Jésus-Christ ». Cette prière-action a pour socle la foi dévorante, orante et persévérante tel que Jésus l’illustre par la parabole de la veuve qui demande justice contre son adversaire, le juge inique ; « Je vais lui rendre justice, dit-il, afin que cette veuve ne vienne plus sans cesse me casser la tête ». Et Jésus lui-même de conclure la parabole : « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fait attendre ? Cependant, le Fils de l’homme, quand il reviendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » Frères et sœurs en Christ, en ce mois extraordinaire pour la mission, demandons à l’Esprit Saint de nous combler davantage de la grâce de la foi priante, de la foi persévérante et combative au cœur de nos difficultés, de nos tentations d’abandon ou de révolte. Que le Seigneur fasse de chacun de nous qui prêtre, qui religieuse, qui séminariste, qui fidèle laïc, citoyen ou citoyenne de ce pays, des vrais croyants combattants contre tout ce qui nous déshumanise, ou déshumanise la vie de nos frères et sœurs ou nous éloigne de l’attachement renouvelé à l’amour missionnaire de Notre Seigneur Dieu.

L’Eucharistie qui nous rassemble ce matin, n’est-elle pas la source, le sommet de toute Prière-action et la Prière des Prières où Jésus Vivant se donne à nous pour que nous vivions en abondance de la vie de sa Vie, et qu’à notre tour, nous soyons des missionnaires de ce Dieu vivant à jamais. Que cette Eucharistie, en ce mois du Rosaire et de la mission extraordinaire rallume en nous l’amour de la prière continue, la patience à attendre l’heure de Dieu, la foi ou la conviction inébranlable que Dieu nous écoute toujours quand nous crions vers lui. Oui, des prêtres, des religieux, religieuses, des séminaristes ou fidèles laïcs qui n’ont pas la foi, qui ne prient pas régulièrement, qui ne combattent point contre les insinuations de satan à travers les péchés qu’il nous dicte, ces prêtres, religieux, laïcs fidèles, ne peuvent pas, aujourd’hui être de vrais missionnaires de l’amour sauveur de Jésus-Christ. Ils ne peuvent être que des mercenaires, des égorgeurs et prédateurs des fidèles qui leur sont confiés ; et auxquels ils sont attachés, profiteurs et jouisseurs seulement de leurs biens matériels mais démissionnaires de leur salut et bonheur intégral en Jésus de Nazareth, lui la Vie de Dieu en surabondance tel que le condense et le proclame suprêmement l’Eucharistie qui nous réunit. Puisse la Vierge Marie, le modèle par excellence de celle qui prie et agit, le modèle harmonieux de la prière et de l’action, nous apprendre sans répit, à mettre notre confiance inconditionnelle en son fils Jésus Christ. Ce Jésus, qu’il nous faut aimer, louer, aimer et glorifier, implorer, remercier à travers les Psaumes ou la Liturgie des heures sérieusement vécue et non subie ; liturgie des heures, véritable école de foi, de prière et de l’action tel que saint Benoit le rappelle à ses moines : prie et travaille, « ora et labora », prie et lutte aussi.

Je voudrais terminer, en pensant encore aux paroles remuantes du cardinal Robert Sarah sur l’importance de la foi, de la prière, du silence et de l’action, si nous voulons triompher des épreuves ou des maux qui nous assaillent : n’oublions jamais, dit le cardinal Robert Sarah dans son ouvrage La force du silence, « que la prière est l’acte le plus robuste et le plus sûr dans la lutte contre le mal. L’homme moderne entend devenir le maître du temps, l’unique responsable de son existence, de son avenir et de son bien-être. Il veut programmer sa vie et dominer son destin et s’organiser comme si Dieu n’existait pas, il n’a pas besoin de lui. A l’inverse, Dieu l’invite à la confiance, à la patience et à une marche lente vers l’élimination du mal, laquelle requiert une longue et aride bataille. Ce combat, continue le cardinal, implique quatre piliers plantés dans la foi, le silence, la prière, la pénitence et le jeûne. Que la Vierge Marie, la Mère de l’Eucharistie intercède pour chacun et pour tous. Baptisés et envoyés, témoignons du Christ Ressuscité à jamais. Le Seigneur soit avec vous !

                                                                                          Père Albert OGOUGBE

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