CONFERENCE INAUGURALE : « L’AUTOREFERENTIALITE : UN NOUVEL ITINERAIRE EPISTEMOLOGIQUE POUR LA REHABILITATION DU SOI AFRICAIN » PAR LE PROFESSEUR MAHUGNON KAKPO

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C’est par une présentation en diaporama que le professeur KAKPO, s’évertua à nous faire entrer dans l’intelligibilité de l’autoréfentialité pour un nouvel itinéraire épistémologique pour la réhabilitation du soi africain. Qui parle d’autoréférentialité ne peut s’aventurer sur ce terrain sans le concours de la jeunesse qui est massivement présente dans cette salle. L’autoréfentialité appelle à un retour à l’épistémè africaine. Elle est un processus par lequel les africains doivent retourner à l’épistémè de leur culture. Deux questions, pour ce faire, vont nous guider dans notre réflexion. Comment gérer la résilience des chocs que le continent a subi au cours de son histoire et ce que fait l’université pour répondre à cette problématique. Un certain ordre du monde prôné a mis l’Afrique hors du monde et banni l’Afrique de cet ordre. La traite transatlantique a poussé au bannissement de la culture du dominé pour atteindre les objectifs de la colonisation menant à une aliénation culturelle et religieuse. L’envahisseur ira jusqu’à éliminer tous ceux qui braveront la nouvelle idéologie à prôner chez les peuples dominés. Il y a une épistémologie du drible qui naît au cœur de cet état de choses donc à l’ère post-coloniale pour déguiser la supercherie de la colonisation. Une mentalité pour asservir naît avec le néocolonialisme qui ne fait qu’enliser les pays dominés dans le gouffre de la paupérisation. Il s’impose à nous une rupture épistémologique pour parvenir à une décolonisation afin de restituer à l’Afrique tout son savoir. L’autoréfentialité se veut donc être le creuset pour parvenir à cette décolonisation. Un système de pensée nommé épistémologie occidentalo-centriste ou nouveau fascisme naît et ne fait que poursuivre la domination des pays développés.

Savoir endogène comme expression péjorative ne trouvant que son plein sens dans un contexte particulier. On doit ainsi se conformer à des critères de scientificité établis par les occidentaux, ce qui entraîne le renoncement aux recherches dans lesquels beaucoup de jeunes africains se lancent pour contribuer à l’émergence du continent et de la pensée. On retrouve des traces de « colonialité » même dans les langues coloniales que nous parlons aujourd’hui. La problématique du CFA, de l’éducation nationale avec des programmes fondés sur la base des programmes d’autres pays sont tout autant d’exemples d’épistémologies occidentalo-centristes qui entraînent un nouveau fascisme. Santos de SOUZA va parler d’une épistémologie du Sud et y distingue cinq formes dans ce sens dont la dernière est le fascisme financier qui permet à l’occident d’avoir des agences américaines de notations qui empêchent certains pays d’aller sur le marché boursier. Il en veut pour preuve le réseau Swift qui se donne pour mission de défavoriser certains pays au profit d’autres.

L’épistémologie de l’autoréférentialité a trouvé des défenseurs tels que Aimé Césaire et Cheikh Anta Diop qui ont élaboré des constructions dont les travaux ont été qualifiés de panafricanisme. L’objectif de cette épistémologie est de ruiner la verticalité arrogante du savoir occidental et de donner à l’Afrique son originalité. Elle est fondée sur un principe de double rupture épistémologique. La première renvoie à la prise de conscience du caractère arrogant des épistémologies du Nord qui veulent continuer d’avoir leur mainmise sur les pays dominés.  Elle part du principe de déni d’être aux pays dominés, de la confiscation du nom, de la spoliation de la religion et de l’imposition d’une langue. A titre illustratif, Hegel, un philosophe de cour, ne trouve pas de caractère pouvant qualifier l’Africain d’humain. A l’en croire, on ne saurait reconnaître une histoire, encore moins une humanité à l’homme noir. La seconde rupture épistémologique réside dans la crédibilisation des savoirs et pratiques dites non-scientifiques et dans la description de l’épistémè des humanités classiques africaines. Pour comprendre cette deuxième rupture, il faut partir de l’antiquité, de l’humanisme et du classicisme dans l’univers africain. La perspective occidentale nous a malheureusement empêchés d’enseigner ces trois éléments dans le système éducatif africain. Le et le vodun comme humanisme dans la culture Adja-Tado méritent aujourd’hui d’être étudiés tout comme la sorcellerie qui étymologiquement est une science ayant trait à la sagesse. Si l’on ne part pas de nos savoirs et pratiques culturelles, on ne peut rien apporter à l’autre. Du reste, l’autoréférentialité n’est pas une autarcie mais une ouverture. Il faut nécessairement une connaissance de soi pour aider l’africain à se réconcilier avec son identité et son être propre avant de rencontrer l’altérité. C’est seulement à cet titre que l’Africain, en s’affranchissant pour de bon de joug colonial prendre son destin en mains.

Le secrétariat du colloque.

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