Homelie du 2ème dimanche de carême C

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Bénédiction de l'eau et du ciel pour l'aspersion.

Entrons dans le projet de Dieu pour être transformés !

Cher père aîné Dorothée,

Révérendes sœurs,

Chers amis, futurs confrères,

Et vous tous fils et filles bien aimés de Dieu,

1 Aujourd’hui 2ème dimanche de carême : une dizaine de jours se sont écoulés depuis le mercredi des Cendres, nous portant au quart de notre cheminement vers Pâques. Ce temps de carême porte la marque spécifique d’une invitation au changement par une vie chrétienne plus consciente. Cela me pousse à choisir comme clé de lecture des textes de ce dimanche la CONVERSION. Je dirais donc qu’en un mot, les textes de la liturgie de ce dimanche nous invitent à entrer dans le projet de Dieu pour être transformés.

2 Déjà la première lecture en fait expression. Abraham est au pays de Canaan où dans une vision Dieu le fit sortir – sûrement de sa tente – pour lui faire contempler le ciel étoilé. Abraham ne s’y oppose point. Dieu lui fait alors la promesse d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles. Il y adhère avec foi. Abraham s’abandonne complètement au projet de Dieu qui déjà l’avait fait quitter sa Chaldée natale conformément à cette injonction : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai ». Nageant depuis lors dans le dessein de Dieu, Abraham passe d’ignorant de Dieu à un “connaissant Dieu”, ami de Dieu, croyant. Sa vie est transformée parce que désormais guidée par la volonté de Dieu qui constitue sa nouvelle éthique. Une telle transformation prend le nom religieux de conversion.

3 Avec Jésus dans l’Evangile, la transformation est plus profonde et ne s’inscrit plus dans la même logique : « l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante ». Il ne s’agit guère ici d’une transformation-conversion – Jésus n’en a point besoin – mais d’une transformation épiphanie de la gloire de Dieu en Jésus. Certes, cela survient au cours de la prière et l’on peut penser que cette manifestation en soit le produit ou la conséquence. Mais plus fondamentalement, à travers son obéissance filiale inconditionnelle à la volonté du Père, Jésus communie à sa gloire qui peut alors rayonner en lui. Le Père peut dès lors se vanter de son Fils : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! ». Il est donc clair que c’est en s’inscrivant dans le projet de Dieu son Père que Jésus est glorifié et peut resplendir de cette gloire. Jean est assez éloquent à ce propos : « Je t’ai glorifié sur la terre en menant à bonne fin l’œuvre que tu m’as donnée de faire. Et maintenant, Père, glorifie moi auprès de toi ». Cette splendeur du Tabor se fait anticipation ou préfiguration de la gloire de la résurrection du Christ puisqu’elle précède et se situe dans le contexte général de son prochain « départ [c’est-à-dire sa mort] qui allait s’accomplir à Jérusalem ». Nous comprenons du même coup que le chemin de la gloire du Christ – et par extension du chrétien passe par la croix.

4 Chers tous ! L’homme qui accepte d’écouter le Fils et de s’inscrire dans le projet de Dieu que révèle le Fils, opère en lui la transformation-conversion qui lui fait renoncer à ses propres projets, désirs et penchants afin de n’épouser que la volonté Dieu. S’il persévère dans cette nouvelle vie, il communiera à la gloire du ressuscité ; car, comme le proclame Paul dans la deuxième lecture, le Christ « transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux ». Ici aussi cette transformation est fruit de la soumission de l’homme au projet de Dieu, à sa volonté. C’est pourquoi à la fin de l’extrait Paul invite les Philippiens à tenir « bon dans le Seigneur » et à vivre en amis de la croix du Christ, toute chose qui nous plonge dans la volonté de Dieu plutôt que la nôtre.

5 Communier à la gloire de Dieu, contempler la splendeur de la divinité, être en présence de Dieu, est une chose sublime et unique. Pierre nous le jure : « Il est beau que nous soyons ici ». Il n’a plus qu’une seule envie : éterniser ce bonheur. Sauf qu’il oublie que le plus édifiant de la religion chrétienne n’est pas dans la seule contemplation d’une vision mais surtout dans l’accomplissement de ce que Dieu dit en Jésus et qu’il nous enjoint d’écouter : « écoutez-le ! ». Chers frères et sœurs bien aimés, Saisissons donc la faveur de ce temps de carême pour intérioriser notre vie chrétienne et l’inscrire résolument et constamment dans le projet de Dieu afin de sortir de la superficialité d’une vie plus humaine que chrétienne. Notre boussole demeure le Seigneur que le psaume responsorial a acclamé comme lumière et salut : « lumière » pour nous éclairer et « salut » pour fonder notre espérance de voir « les bontés du Seigneur sut la terre des vivants » et de communier à la gloire à venir.

Durant cette semaine, frères et sœurs, appliquons-nous à faire la volonté de Dieu pour notre conversion en vue de notre glorification : Entrons dans le projet de Dieu pour être transformés ! Que Dieu lui-même nous rende claire sa volonté et nous accorde la détermination nécessaire pour l’accomplir.

Le Seigneur soit avec vous.

Père Aurel AVOCETIEN

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