Homélie du 4ème Dimanche du Temps Ordinaire C

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Bonjour, chers frères et amis.

   La 2ème lecture de ce jour nous présente ce beau cantique de la charité de St Paul, le plus beau chant d’amour de tous les temps. Après nous avoir rappelé, le dimanche dernier, que nous formons un seul corps dans le Christ, quelles que soient les fonctions que nous remplissons, Saint Paul nous dit ce matin que la loi de la vie commune, c’est la charité. Pas seulement de la vie commune, mais aussi de l’annonce de l’évangile.

   La 1ère lecture ainsi que l’évangile nous dépeignent justement deux contextes similaires par leur tension potentielle et actuelle de l’annonce de la Parole de Dieu. La vocation de Jérémie, dans la 1ère lecture, est assortie des difficultés et des résistances qu’il devra affronter dans sa mission et au cœur desquelles il devra rester fermes. Jésus rencontre ces difficultés dans sa mission dans son propre village. Ses compatriotes se levèrent et le poussèrent hors de la ville. Mais regardons l’évangile de plus près…. Tout était calme quand Jésus a lu le passage d’Isaïe et l’a commenté. On admirait même les paroles de grâces qui sortaient de sa bouche. La tension a commencé à monter quand lui-même parlait du dicton ‘‘médecin, guéris-toi toi-même’’, de ce qu’il a fait à Capharnaüm, de ce qui s’était passé aux temps d’Élie et d’Élisée, pour illustrer qu’aucun prophète ne trouve bon accueil chez lui… Parlons sincèrement : Est-ce que Jésus lui-même n’a pas eu par-là à provoquer son auditoire ?  Car l’évangile ne le cache pas, il précise : « A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. » Par ailleurs, la parole du Seigneur, s’adressant à Jérémie, l’exhortait en ces termes : « … mets ta ceinture autour des reins et lève-toi, tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai… ».

    Le Seigneur envoie-t-il pour parler contre, pour menacer, provoquer ? N’est-ce pas plutôt pour dire des paroles de grâces, comme Jésus au début de sa prédication à Nazareth ? « J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, nous dit St Paul dans la 2ème lecture, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. » Or, « l’amour prend patience… il ne s’emporte pas… ». N’est-ce pas plutôt l’amour que l’élu de Dieu est envoyé annoncer ? Y aurait-il en fin de compte une contradiction aussi flagrante dans la Parole de Dieu ? Pas du tout. Et ce, pour deux raisons.

   Premièrement la vérité de l’amour est exigeante. La parole de Dieu ne nous caresse pas dans le sens du poil, elle ne nous flatte pas pour nous laisser dans notre médiocrité. C’est normal qu’elle buscule, qu’elle réveille, qu’elle provoque. C’est une vraie charité que ne pas laisser dans son état celui qui a besoin de changer de vie. Le tout est dans la manière de montrer la pertinence de cette urgence. C’est donc, en plus, doublement charité que de trouver la meilleure manière d’aider à changer de vie. A ce niveau justement, la parole, à elle seule, ne suffit pas.

   La parole de Dieu ne se contredit pas, deuxièmement, parce qu’elle nous invite à la prêcher d’abord par nos vies. Quand nous vivons autrement, dans le sens du bien, c’est normal que notre vie interroge notre entourage, le provoque, le bouscule même. Et c’est normal que cet entourage nous soit hostile. La violence que Jésus apporte par son royaume s’illustre dans un tel contexte où nous devons tenir bon malgré les difficultés et rester fidèle. Vouloir contenter les autres, se compromettre pour leur faire plaisir ou éviter de les gêner, c’est tout simplement renoncer à sa mission et s’installer dans la flatterie dont la récompense est si éphémère. Jérémie n’avait pas accueilli ainsi sa mission où il lui était dit : « Ne tremble pas devant eux, sinon c’est moi qui te ferai trembler devant eux ». Jésus non plus n’était pas un bon copain revenu à Nazareth pour plaisanter avec ses amis d’enfance. Jésus était un vrai ami qui sait dire la vérité pour aider à grandir. La vraie charité aide à grandir.

   Pour finir, remarquons que, passant au milieu d’eux, Jésus allait son chemin. Quand nous vivons dans le vrai et dans le bien, des oppositions peuvent bien se soulever. Le bien, auquel l’on reste fidèle, se diffuse de lui-même et nous emporte toujours vers de nouveaux horizons.

   Que la grâce du Seigneur nous aide à toujours surmonter les obstacles au bien que nous portons, et à avancer au large, dans la force de l’Esprit ! Amen.

                                       Père Jean KINNOUME

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